Alors que leur président, Joe Biden était, hier, en visite à Tel-Aviv, les Etats-Unis ont opposé leur véto à une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies sur la guerre entre le Hamas et Israël. C’était prévisible.
Depuis l’assaut meurtrier du Hamas en Israël, le 7 octobre dernier, Israéliens et Américains sont devenus des frères siamois. Cette entente physiologique s’est prouvée, hier, à l’Onu au cours du vote d’un projet de résolution qui prévoyait, entre autres, l’établissement d’un couloir humanitaire vers la bande de Gaza. Les Usa ont mis leur veto alors que 12 membres du Conseil tenaient absolument à condamner les attaques du Hamas, les violences et les hostilités contre tous les civils, réclamer la libération des otages aussi et le passage de l’aide humanitaire vers Gaza.
Les Etats-Unis ont justifié leur veto par le fait que le projet de résolution, proposé par le Brésil, ne faisait nulle part mention du droit d’Israël à la légitime défense. «Israël a le droit inhérent de se défendre, comme le prévoit l’article 51 de la Charte des Nations Unies», a souligné l’Ambassadrice des États-Unis auprès des Nations Unies, Linda Thomas-Greenfield. Le texte demandait également d’annuler l’ordre donné aux civils et au personnel de l’Onu d’évacuer le nord de l’enclave de Gaza, ainsi qu’à fournir électricité, eau, carburant, nourriture et fournitures médicales en quantité suffisante à la population palestinienne.
Ne pas frustrer Israël
«Le droit d’Israël à se défendre» constitue donc la seule explication qui a poussé les Américains à opposer leur veto au texte. Par sa position, Washington prouve clairement, s’il en était, qu’il ne veut en aucun moment frustrer son allié israélien dans sa guerre contre le Hamas. Joe Biden qui s’est entretenu, hier à Tel-Aviv, avec le Premier ministre d’Israël, Benyamin Netanyahou ne voulait surtout pas voir son pays ramer à contrecourant de la volonté de Tsahal d’en finir avec le Hamas, quoique cela puisse coûter en vies humaines, et de moyens matériels et financiers.
Le veto américain repose également sur une position géopolitique. Car la guerre entre le Hamas et Israël dépasse les seules frontières palestiniennes et israéliennes. Washington soupçonne l’Iran de soutenir le Hamas et d’autres groupes dans leurs actions hostiles à l’Etat hébreu. S’il ne met pas son véto, Washington se verrait fragiliser dans la région et surtout frustrer Israël qui maintient sa volonté d’engager une riposte terrestre contre le Hamas dans les territoires palestiniens.
Il faut aussi souligner que le Royaume-Uni, l’un de deux pays qui se sont abstenus, a aussi estimé que le texte aurait dû insister sur le droit à se défendre d’Israël. La Russie est l’autre membre du Conseil à s’être abstenu.
La vie des Palestiniens se trouve coincée entre des enjeux géopolitiques, malgré les cris d’orfraie des leaders arabes et de l’Onu. Cette impuissance de l’Onu sur la guerre entre le Hamas et Israël remet au goût du jour, l’urgence de la réformer.
Baba MBALLO