A la prison pour femmes de Liberté 6, les conditions de détentions sont devenues «exécrables» au point de pousser ses pensionnaires à décrire leur «détresse dans une lettre ouverte».
L’atmosphère à la Maison d’arrêt pour femmes (Maf) de Liberté 6 est tendue. Les pensionnaires ne sont pas du tout contentes de leur vie carcérale qu’elles exposent dans une lettre collective. Elles dénoncent leurs conditions de détention difficiles. Dans leur vécu quotidien, ces contestataires pointent «les longues détentions, des moisissures et champignons cancérigènes dans les chambres, etc.». Elles déplorent aussi la «situation des toilettes qui ne répondent pas aux normes sanitaires, le manque d’aération des chambres, la panne des extincteurs depuis 2017, la forte présence d’humidité et d’acariens causant des infections pulmonaires… ». «Depuis plus de deux ans, les chambres n’ont pas été désinfectées avec une surpopulation carcérale dépassant l’entendement. La Maf est pleine à craquer», listent les détenues dans leur correspondance.
Dans un communiqué, elles dénoncent «l’alimentation n’est pas saine et équilibrée». Elle est parfois, lit-on, servie «avec de la viande pourrie, du mauvais poisson, etc.». Sur ces points, indiquent les protestataires, des projets comme «la pisciculture, la culture de légumes, l’ouverture d’une pizzeria, la fabrication de savons», ont été proposés aux autorités pénitentiaires, mais ont été rejetés par les responsables de la prison. Elles dénoncent également «des négligences médicales». Selon elles, les recommandations issues des portes ouvertes des médecins en début septembre 2023 ne sont pas encore appliquées. Dans leurs conclusions, écrivent les détenues, les spécialistes avaient indiqué que «plus de 100 femmes ne pratiquent pas d’activités sportives, plusieurs d’entre elles sont sous traitement d’hémorroïdes graves… ». «Le don de savons ne couvre même pas deux semaines et il faudra l’acheter à la cantine avec des prix surcotés», déplorent-elles.
Dans leur lettre de protestation, elles dénoncent également «leur interdiction de passer des appels téléphoniques, de recevoir des visites de leurs proches… ». «Nous sommes en danger et nos vies sont menacées Que tout le monde soit informé au niveau national comme à l’international», concluent-elles.
Salif KA