Le Port autonome de Dakar est actuellement en eaux troubles. Des chauffeurs de camions, issus de différentes entreprises, mécontents de leurs mauvaises conditions de travail et de vie sont sortis de leurs gonds, vendredi dernier, pour signifier leur volonté d’aller en grève dans les semaines à venir. «Si nos patrons ne font rien pour nous signer des contrats d’embauche avec une révision à la hausse de nos salaires, de même que la direction du port pour l’amélioration des conditions de travail, nous allons partir en grève», menace leur président Moth Samb. Son camarade Deymane Faye de renchérir : «Nous risquons d’aller en grève, si les autorités ne font rien par rapport à nos conditions de travail et de vie, car nous souffrons».
Parlant de leurs conditions, Moth Samb déplore : «Nous travaillons et vivons dans de mauvaises conditions. Nos salaires ne dépassent pas 100 mille francs et nous n’avons pas de contrat de travail. Et à tout moment, on peut être licencié. Quand quelqu’un tombe malade, ce sont ses camarades chauffeurs qui se cotisent pour l’aider à prendre en charge ses soins. Ici au Port, nous vivons un véritable calvaire avec Dubaï Port World. Nous restons parfois trois jours dans nos véhicules sans nous baigner, car les procédures d’embarcation des conteneurs sont trop lentes. On n’a pas de toilettes…».
Aussi, poursuit-il, «ce qui nous fait mal dans cette histoire, c’est que nous avons écrit à toutes les autorités dont l’actuel directeur général du Port, Mountaga Sy, le ministre des Transports, Mansour Faye. Mais, jusqu’au moment où nous vous parlons, personne n’a réagi. Et c’est cela qui est déplorable. Puisque si, l’on reste une semaine sans travailler, personne ne va manger dans ce pays. Mais, malheureusement, dans ce pays, les gens n’ont pas de considération envers les chauffeurs que nous sommes. Et pourtant, personne n’est plus responsable et patriote que nous. Pour preuve, lors de la Covid-19, nous avons pris beaucoup de risques pour travailler et emmener les produits alimentaires dans les régions. Mais, personne ne nous a félicités, car en lieu et place, nous sommes actuellement maltraités. C’est triste pour nous».
Ces chauffeurs du port de Dakar, dépités, se disent déterminés à se battre pour obtenir gain de cause et pour le respect de leur dignité.
Théodore SEMEDO