La violence prend le dessus sur les arguments politiques. Outre les menaces de mort, Pastef/Les patriotes et la coalition Benno amorcent un nouveau virage avec les saccages ou les incendies des biens appartenant à des leaders des deux camps.
Les rivalités politiques amorcent une tournure inquiétante. A la violence verbale, les protagonistes joignent désormais des actes délictuels. Le rubicond a été franchi entre la coalition Benno et le Pastef/Les Partiotes. Entre arrestations tous azimuts, menaces de mort, incendies de biens appartenant à des leaders des deux formations politiques, rien n’est exclu. A l’heure actuelle, des centaines de militants et sympathisants du maire de Ziguinchor séjournent en prison.
Certains y sont pour des infractions criminalisées, d’autres pour des délits de flagrance. «Plusieurs d’entre eux ne devraient pas passer plus de 15 jours en détention provisoire. Ils devraient être entendus, puis jugés dans un intervalle de 15 jours devant le tribunal des flagrants délits. Malheureuse- ment, tout est banalisé dans notre pays», déplore une source judiciaire. Ces arrestations pour des motifs jugés légers seraient à l’origine de la colère du Pastef/Les Pastef. Depuis lors, il ne se passe plus une semaine sans que l’on n’apprenne le saccage ou l’incendie d’un domicile d’un leader appartenant à l’un des deux camps. Les dernières victimes sont Zator Mbaye de l’Afp et Serigne Bara Ndiaye, chroniqueur à Walf-Tv, par ail- leurs sympathisant de Sonko. Tous deux ont perdu leurs véhicules, calcinés par des in- connus, entre samedi et dimanche dernier. Avant eux, Doudou Ka, responsable Apr à Ziguinchor, a vécu le même sort. Son domicile, à la cité Biagui, a été attaquée, puis incendiée par des individus armés. Après l’ouverture d’une enquête, quatre suspects ont été interpellés avant d’être envoyés en prison pour «association de malfaiteurs, incendie volontaire et détention d’armes blanches». D’après des éléments de l’en- quête, dix cocktails molotov, deux coupe-coupe, quatre cagoules, un marteau et un briquet ont été saisis par devers les mis en cause. Dans la nuit du 14 au 15 mai dernier, la veille du procès devant la chambre criminelle de Dakar du leader de Pastef/Les Patriotes, la maison de Serigne Mbaye Thiam, ministre de l’Eau et de l’Assainissement, a été incendiée.
Un suspect a été interpellé, puis envoyé en prison. Les domiciles de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, de Farba Ngom, maire des Agnames, pour ne citer que ceux-là, ont été victimes d’attaques. On constate également une longue liste de personnes victimes de menaces de mort. Au-delà des acteurs poitiques, des journalistes, pour avoir fait des analyses jugées partisanes par l’un des deux camps, sont devenues des cibles. A chaque veille d’une élection présidentielle, le Sénégal vit souvent cette situation. Du temps du régime socialiste finissant, ces scènes de violences avaient été constatées. Plusieurs domiciles de leaders du Ps avaient été incendiés par des supposés militants du Pds.
Salif KA