L’affaire Pape Ndiaye, en détention provisoire, pour avoir, selon les chefs d’accusations retenues à son encontre, diffusé une fausse nouvelle, devrait interpeller plus d’un. C’est également le cas pour autant de dossiers judiciaires qui auraient pu être réglés à la Police. Ce qui confirme d’ailleurs toute la quintessence de la remarque de défenseurs des droits de l’homme qui estiment que la justice sénégalaise est très répressive. «Cette affaire ne méritait même pas l’ouverture d’une information judiciaire. Cela démontre une réelle volonté d’humilier un professionnel qui n’a jamais été cité devant une juridiction pour manquement dans l’exercice de sa profession», confie une source judiciaire sous le couvert de l’anonymat. Au lieu de le convoquer à la police, le retenir en régime de garde à vue, l’inculper puis le placer sous mandat de dépôt, les autorités judiciaires devraient emprunter d’autres voies plus appropriées. Ce, pour cette fois invoquer la clémence de la justice. Au cas où l’information donnée par le journaliste se révèle fausse, le Parquet de Dakar pourrait publier un démenti circonstancié aux fins de démontrer sa fausseté. L’autre alternative, si le chef du parquet n’était pas animé d’une volonté d’humilier un professionnel qui aurait commis un faux pas dans l’exercice de son métier, serait de le citer devant un tribunal. Dans ce cas de figure, la saisine d’un huissier de justice pour lui servir une citation directe aurait pu suffire. Et que le mis en cause allait déférer à la convocation pour une comparution libre. Il pourrait être condamné ou relaxé au terme de son jugement devant un tribunal. «On devrait le poursuivre par la voie de la citation directe où il comparaîtra libre avant la citation d’un huissier à l’audience retenue par le Procureur. L’image de la justice devient de plus en plus écornée», dénonce une source dans le milieu de la justice sénégalaise. Selon qui, le procureur de République, le parquet général, le doyen des juges et le juge du 2e cabinet sont soigneusement choisis.
Par ailleurs, dans un communiqué, le bureau exécutif de l’Association des chroniqueurs judiciaires (Ancj) dénonce l’arrestation et le maintien en détention de Pape Ndiaye. Il considère la détention du journaliste de Walf Tv comme une atteinte à la liberté de la presse. Sur ce, l’Ancj renseigne que sa place n’est pas dans une prison maisdans une salle de rédaction. Les membres de ladite association des chroniqueurs judiciaires se tiennent à ses côtés jusqu’à sa libération et se mobilisent pour précipiter sa remise en liberté. «L’Ancj informe avoir commis des avocats pour assurer la défense de leur membre. Également, elle appelle toutes les organisations de presse à plus de solidarité pour la libération de Pape Ndiaye», lit-on dans le communiqué.
Salif KA