Arrivé en 2012 à la tête de l’Etat, le président Macky Sall est aujourd’hui en train de poser les actes qui ont perdu son prédécesseur. C’est le cas de la question de la 3e candidature et du traitement de l’ancienne Première ministre, Aminata Touré, député de la 14e législature qui a été déchue de son mandat.
Aminata Touré n’est plus député. Ainsi en a décidé le bureau de l’Assemblée nationale. (Voir par ailleurs). Mais en exécutant ce vœu, largement partagé par les siens, le Président Macky Sall commet une grosse erreur et s’inscrit dans le même registre que son prédécesseur, Abdoulaye Wade. Sous son magistère, en 2009, Moustapha Cissé Lô et Mbaye Ndiaye ont été déchus de leur poste de députés pour avoir soutenu Macky Sall, démissionnaire du Parti démocratique sénégalais (Pds). Macky Sall ne serait d’ailleurs pas à sa première contradiction près. Il a fait l’apologie de la transhumance largement combattue par les Sénégalais, estimant que cela relève de la liberté. « (…) Il ne faut pas oublier que nous sommes dans une démocratie. La liberté d’aller et venir est garantie par la Constitution. On ne peut pas enfermer les gens dans des carcans politiques. Lorsque vous avez une majorité, il faut chercher à la consolider en allant chercher dans le camp adverse, dans l’opposition», avait-il soutenu en 2015 lors du Conseil des ministres décentralisé de Kaffrine. Le président Macky Sall a maintenu les propos en 2019 lors de l’installation du directoire de campagne de la coalition Benno devant la nouvelle alliée, Aïssata Tall Sall. «On va vous insulter, vous traiter de tous les noms, mais ne les écoutez pas. N’écoutez pas ceux qui vous insultent. Il n’y a pas de transhumance qui tienne», avait-il lancé à l’actuelle ministre des Affaires étrangères et, à travers elle, à l’endroit des leaders de l’opposition qui ont décidé de le soutenir. Malgré le débauchage des responsables politiques et des maires de l’opposition, il a gagné d’une courte tête aux élections législatives sans obtenir la majorité absolue. Il s’est aussi illustré dans le traitement de certains dossiers qu’il estime nécessaires de «mettre sous le coude».
La question de la troisième candidature vécue par le président Abdoulaye ressurgit avec lui au pouvoir. Après avoir déclaré partout et plusieurs fois qu’il en était à son dernier mandat en 2024, il semble avoir changé de posture, déclarant qu’«aujourd’hui, il n’y a pas de débat juridique». Cette démarche similaire au quart-bloquant initié par Abdoulaye Wade, exacerbe les tensions. Très déterminée, la société civile est en branle. Les partis d’opposition ont relevé le caractère «inacceptable» de sa démarche et l’attendent au tournant.
Thalice SENGHOR