C’est de la Gambie où il était en séjour que Cheikh Mouhamadou Mahi Niass, Khalife général de Médina Baye, a réagi aux violences notées lors de la manifestation interdite de l’opposition, vendredi dernier. Dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, le patriarche de la branche de la Tidianya fondée par son père exprime sa désolation. Non sans rappeler à l’ordre les principaux protagonistes, notamment le chef de l’Etat, Macky Sall, et Ousmane Sonko, leader de l’opposition radicale. Dans son «sermon», le guide religieux les invite à avoir de la compassion pour les populations, en l’occurrence les jeunes, les principales victimes. «Inviter les jeunes à manifester dans la rue ne contribue pas à la construction de leur avenir. Nous demandons à Macky et à Sonko à avoir une autre posture pour l’avenir du pays», lance le guide religieux aux deux protagonistes.
Le marabout invite par la même occasion le président de la coalition Benno à plus de retenue. Selon lui, il incarne une institution. C’est le leader, soutient-il, le plus écouté. Du coup, il doit avoir de la réserve. S’il a été porté à la tête de la nation, poursuit le guide religieux, c’est parce que les populations avaient placé en lui tout leur espoir de lutter contre leurs souffrances. «Je vous demande de prêter attention à votre peuple, à la nouvelle génération. Vous n’avez pas été élu pour susciter des troubles qui secouent notre pays», prêche Cheikh Mahi Niass. A l’endroit d’Ousmane Sonko, leader de Pastef/Les Patriotes, le marabout recommande de ne pas jouer avec son aura politique. Ce serait, dit-il, un trafic d’influence de vouloir jouer avec sa posture de leader politique le plus suivi par les jeunes. «Je dis à Sonko que ce n’est pas parce qu’on est très suivi par les jeunes qu’on doit en faire une exploitation qui peut les nuire», déclare Cheikh Mahi Niass. Qui regrette les images de violences qui ont fini de faire le tour du monde. Il a, par ailleurs, appelé au calme.
Ces affrontements qui ont fait sortir Cheikh Mahi Niass de sa réserve ont causé plusieurs blessés, trois morts entre Ziguinchor et Dakar. Une trentaine d’interpellations dont trois leaders de la coalition Yewwi Askan Wi, Diéthié Fall, Ahmed Aïdara et Mame Diarra Fam, ont été constatées. La manifestation interdite a également engendré des dégâts matériels.
Salif KA