Idrissa Gana Guèye n’est pas le premier joueur sénégalais qui défraie la chronique par rapport à ses convictions religieuses. Refusant de jouer avec le Psg qui arborait des maillots aux couleurs de la communauté Lgbt+, le Parisien s’est attiré les foudres de certaines personnalités. Avant Gana Guèye, il y avait Papiss Cissé ou encore Sadio Mané dans des histoires différentes mais qui avaient toujours des connotations religieuses.
Le Football ne s’arrête plus à taper dans le ballon, marquer des buts et célébrer avec les supporteurs à chaque soirée de gloire. Sa dimension géopolitique est déjà connue et le football commence à glisser dans un terrain insoupçonné. L’«affaire» Idrissa Gana Guèye qui défraie actuellement la chronique en France, prend désormais des relents extra-sportifs. Au moment où la montée en puissance de la communauté Lgbt s’affirme de plus en plus dans le monde, le football prend également sa dose dans la promotion du drapeau arc-en-ciel. Au cours de cette saison en Angleterre, les capitaines des clubs arboraient des brassards Lgbt…fièrement d’ailleurs. Mais le cas de Idrissa Gana Guèye qui n’a pas participé au match entre le Psg et Montpellier samedi, pour des «raisons personnelles», a soulevé un débat qui part dans tous les sens.
Certains défenseurs de la communauté tirent à boulets de canon sur le champion d’Afrique et parlent d’un refus délibéré de porter le maillot du Psg sur lequel les numéros sont floqués aux couleurs du drapeau. Dans les faits, c’est pour célébrer la «Journée de l’homophobie». Mais qu’importe pour le milieu des Lions. Il ne veut pas que son nom soit associé à ce mouvement. Résultat : il s’attire les foudres des personnalités, allant même jusqu’à demander des sanctions à l’encontre de l’ancien joueur d’Everton. Au premier rang, Valérie Pécresse, la présidente (Lr) qui a dégainé sur Twitter. «Les joueurs d’un club de football, et ceux du Psg en particulier, sont des figures d’identification pour nos jeunes. Ils ont un devoir d’exemplarité. Un refus d’Idrissa Gana Guèye de s’associer à la lutte contre l’homophobie ne pourrait rester sans sanction!», a-t-elle twetté. Valérie Pécresse n’est pas la seule à dézinguer Gana Guèye. Une association contre l’homophobie a, en effet, réclamé des sanctions de la part du club. «Le Psg doit être ferme et demander à avoir des explications de la part d’Idrissa Guèye pour faire toute la lumière sur cette affaire. Bien sûr, il faut respecter la présomption d’innocence, mais saisissons cette affaire pour regarder la réalité en face et poser la question du rapport entre l’homophobie et les convictions religieuses. En 2019, il y avait déjà eu une opération où l’on proposait aux joueurs de porter un brassard arc-en-ciel et on avait constaté que beaucoup d’entre eux ne l’avaient pas mis. On nous avait répondu que les brassards étaient de mauvaise qualité mais il aurait fallu un débriefe pour qu’ils disent pourquoi ils avaient refusé de le porter. C’est pareil pour Idrissa Guèye, il doit en parler, car c’est de cette façon qu’on résout les problèmes s’il y a un problème», écrit le collectif Rouge Direct. Le ministre des Sports de la France, Roxane Maracineanu, a aussi condamné l’attitude de l’international. Pour elle, le Sénégalais a obscurci la belle image donnée par le football dans cette lutte contre l’homophobie.
Au plus profond de la tempête, Gana ne s’est pas exprimé à ce sujet. Son club, le Psg, oui…mais laconiquement quand même. «La décision prise par Idrissa Guèye samedi est une décision individuelle», indiquant par ailleurs qu’«Idrissa Guèye n’était pas dans le groupe pour des raisons personnelles et individuelles. Le Paris Saint-Germain a toujours tenu à combattre toute forme de discrimination et l’a une nouvelle fois fait samedi», poursuit Rmc Sport. La même source ajoute qu’une séance d’explication est prévue entre joueur et la direction du club.
Papiss Cissé et le sponsor Wonga
Ce n’est pas la première fois qu’un joueur sénégalais refuse de suivre la mouvance. Au nom de ses convictions religieuses. On se souvient en octobre 2012 du refus de Papiss Cissé qui ne voulait pas porter le maillot de Newcastle estampillé Wonga, une firme spécialisée dans les prêts financiers à court terme avec des taux d’intérêts élevés. Un refus qui avait déclenché le tollé en Angleterre. Papiss Cissé avait clairement signifié à ses dirigeants qu’il ne portera pas cette tunique. Alors que le Lion était le «Monsieur-but» des Magpies, il avait pris au dépourvu son club, qui malgré les menaces brandies à son encontre comme le licenciement, Cissé n’avait pas fléchi. Le Lion avait même matérialise sa «rébellion» en refusant de partir avec l’équipe en stage de pré-saison, au Portugal. Resté dans le Tyneside, Cissé s’était préparé en solo afin d’être prêt à démarrer la saison. Finalement, une solution était trouvée entre les deux parties. Cissé s’expliquait en ces termes. «C’était une période très difficile pour le club et moi, et aussi pour les fans. J’ai eu beaucoup de discussions utiles avec mon club, ma famille et des professeurs d’Islam lors des précédentes semaines. Après une longue période de pensée et de réflexion, j’ai pris la décision de suivre mes coéquipiers et de porter le maillot.»
Sadio Mané et le champagne de Minamino
L’image avait fait le tour de la toile. Le 27 février dernier après la finale de la Ligue cup remportée par Liverpool, les Reds célébraient avec faste ce nouveau trophée. Et comme il est de coutume, on pulvérise le champagne et dès fois on se douche avec. Mais ce n’est pas avec tous les joueurs que cette célébration passe. Allez demander à Sadio Mané. La star sénégalaise avait gentiment demandé à Takumi Minamino de ne pulvériser la bouteille de champagne. Conscient des croyances religieuses de Mané, Minamino s’était alors abstenu d’ouvrir la bouteille. « Je ne toucherai pas à l’alcool. La religion est très importante pour moi. Je respecte les règles de l’islam et je prie cinq fois par jour, toujours», disait Mané dans le Daily Mail.
Papa Lamine NDOUR