Le pouvoir central met en garde les maires de l’opposition sur les recrutements politiques, alors qu’il gagnerait à balayer devant sa porte. Parce que, sous un certain camouflage, les cabinets ministériels débordent. Pis, les recrutements de ministres conseillers, conseillers spéciaux, conseillers occultes, chargés de mission, personnel d’ambassades… ont gonflé les effectifs et crevé le plafond de la masse salariale de ce qui est devenu la «Ponction publique».
A chaque jour suffit sa peine avec notre personnel politique. Alors que les Sénégalais cherchent la queue du diable pour la tirer, dans ce contexte de déchaînement des prix des produits essentiels, nos politiques continuent de se donner en spectacle avec des coups tordus et autres débats au ras des pâquerettes, comme le recrutement d’un gendarme radié et d’un assistant social par la ville de Dakar. En effet, le fait que tout un pays ne parle que de ça après les propos de Macky Sall est tout simplement ahurissant. Car, ces recrutements politiques, il y en a tous les jours et à tous les niveaux.
Ainsi, il est paradoxal que le Système nous explique qu’un maire ne peut pas recruter, comme il veut, des chargés de mission alors que l’Exécutif embauche à tout va. Entre les chargés de mission qu’on envoie nulle part, des attachés de cabinet, ministres conseillers et conseillers spéciaux dont une grande partie justifie leurs émoluments dans des réactions médiatiques contre l’opposition ou d’anciens camarades rebelles, les débouchés sont nombreux pour caser du personnel politique.
Au nom des principes, l’Exécutif devrait ainsi balayer devant sa porte avant d’attirer l’attention des élus locaux sur des recrutements de militants. Parce qu’ils font légion ces ministres, directeurs et dignitaires du régime à qui l’on a reproché d’avoir fait du népotisme et d’avoir fait recruter du personnel politique dans certaines structures étatiques coulées par l’explosion de leur masse salariale, comme actuellement avec la Société nationale La Poste qui n’arrive même plus à payer des mandats. Que dire de certaines ambassades du Sénégal dans certains pays occidentaux où des neveux, nièces, et autres parents sont déversés pour peupler les missions diplomatiques. Au grand désarroi des diplomates de carrière.
Aux Impôts également, il y a un personnel pléthorique depuis que les gens du régime y ont flairé les charmes de ces avantages injustifiables que l’on nomme fonds communs. Lesquels ont même fini par créer des tensions entre les inspecteurs, contrôleurs des impôts et le reste de la troupe composée, entre autres de chauffeurs, secrétaires, informaticiens, statisticiens…
De plus, le Président Sall a lui-même débauché une bonne partie des maires qui ont battu ses troupes dans de nombreuses localités, et a publiquement propulsé celui de la Médina Bamba Fall, ministre-conseiller. Un coup de canif à la démocratie, symbole d’un détournement de la volonté populaire que rien ne peut justifier en République. Sans doute le bon vouloir du Prince, dans une monarchie.
Ainsi, pour donner plus de crédit à leur intransigeance sur les recrutements dans les collectivités locales qui sont des démembrements de l’Etat, nos dirigeants gagneraient à garder un niveau de vraisemblance avec les collectivités pilotées par des maires de l’opposition. Parce que chez eux aussi, on assiste à des pratiques qui ne sont inscrites dans aucun manuel de gouvernance.
Seyni DIOP