Les producteurs d’oignons de Potou, dans la région de Louga, n’ont que leurs yeux pour pleurer cela malgré une bonne récolte. Face à la concurrence féroce de l’oignon importé, ils sont obligés de vendre à vil prix leurs récoltes pour éviter qu’elles ne pourrissent entre leurs mains.
La moisson est abondante, mais les acheteurs peu nombreux. Les producteurs d’oignons de Potou, dans la région de Louga, se retrouvent avec des tonnes d’oignons. La récolte a été bonne, mais ils n’arrivent pas à l’écouler. La faute aux importations massives d’oignons en provenance de la Hollande, selon Ndiougou Ka. «Au moment de l’Appel de Seydina Limamou Laye, nous avions la possibilité de satisfaire la demande nationale, mais nous avons vu des bateaux remplis d’oignons déverser leur cargaison au Sénégal. Ces importations ont totalement douché nos espoirs», regrette Ndiougou Ka qui réclame avec force le gel des importations.
Ce producteur et président d’un Groupement d’intérêt économique (Gie), affirme que les producteurs sont obligés de vendre à perte. «Actuellement, nous vendons le kilogramme d’oignon à 140 francs ou 150 francs tout au plus, alors que le prix normal ne devrait pas être en deçà de 250 francs à cause des intrants comme l’essence, les pompes solaires, les salaires des ouvriers, etc. Nous sommes contraints pour éviter la mévente», dit-il. «Nous n’avons pas le choix. Nous sommes obligés de brader nos récoltes pour qu’elles ne pourrissent pas entre nos mains. Les importations causent un sérieux problème. Elles brisent notre élan et empêchent le développement de la filière», poursuit Ndiougou Ka, invitant l’Etat à protéger les producteurs locaux face aux producteurs européens qui bénéficient de subventions de l’Union européenne.
Mais d’après lui, la mévente n’est pas leur seul et unique souci. Ces producteurs de Potou dénoncent par ailleurs l’accaparement des terres par des entreprises étrangères. A en croire Ndiougou Ka, l’Etat a cédé une bonne partie des terres fertiles à des producteurs indiens.
Contacté par WalfQuotidien, le responsable de l’Agence de régulation des marchés (Arm) de la zone n’a pas souhaité répondre. Selon le Programme d’appui aux politiques agricoles (Papa), le Sénégal est autosuffisant en oignon. La production est passée de 245 000 tonnes en 2014 à 400 000 tonnes en 2017, quantités qui couvrent les besoins nationaux, d’après le Papa.
Charles Gaïky DIENE