Ce n’est pas demain la veille que les prix des denrées à grande consommation vont baisser. Appelées à la rescousse, les associations consuméristes presqu’aux abonnés absents indexent l’Etat qui a «laissé pourrir» la situation et les populations «trop fatalistes» à leurs yeux.
En haute mer, le corps immergé jusqu’au niveau du cou, le consommateur guette fébrilement un hypothétique sauveur. Sauf que «le maître-nageur» que sont les associations consuméristes semblent être perdues dans les gestes de secours. «C’est l’Etat qui a laissé pourrir la situation. Parce que s’il rend officiel le renchérissement des prix, il sera indexé. Or s’il laisse faire, il n’y a pas de fautifs. Le peuple sénégalais est une population ‘’exceptionnelle’’. Les Sénégalais se laissent aller à leur propre sort. Ils préfèrent se noyer que de s’accrocher à une bouée de sauvetage», a indiqué Jean Pierre Dieng, président de l’Union nationale des consommateurs du Sénégal (Uncs). Accroché par WalfQuotidien sur l’attitude spectatrice des associations consuméristes face à la hausse des prix des denrées de première nécessité, Jean Pierre Dieng se défoule sur le ministère en charge du dossier. «Le ministère du Commerce est dans une situation qui n’est pas fixe. Elle ne peut pas prendre de décision par à rapport à ça. Apparemment, c’est à la présidence de la République que se tournent les industriels pour parler de prix. Alors qu’il y a le ministère du Commerce qui a fait preuve de son incompétence depuis sa mise en place», argue-t-il.
De l’avis du président de l’Uncs, le renchérissement aurait pu trouver une solution avec le Conseil national de la consommation qui gère tous les prix quelle que soit la nature du produit, des biens et services. Dire que cet organe n’existe que de nom.
Jean Pierre Dieng souligne qu’après le renchérissement des prix, on tend vers «une seconde vague» avec une rupture des denrées. «En tant qu’association de défense des consommateurs, nous ne recevons aucune subvention de l’Etat et pourtant nous abattons un travail titanesque», fustige-t-il avant d’indexer du doigt les journalistes. «Pour se faire inviter sur les plateaux de télévision, il y a un boycott qui ne dit pas son nom. Les médias ne prennent que les leaders politiques en vue: les Ousmane Sonko, Guy Marius Sagna, Abdou Mbow, etc», renchérit Jean Pierre Dieng.
Prenant la balle au rebond, Me Massokhna Kane de «Sos consommateurs» indexe aussi l’Etat. «Il ne nous donne pas les instruments qu’il faut pour faire nos travaux. Nous n’avons pas d’agrément provenant du ministère du Commerce afin que l’on puisse attaquer ces commerçants véreux qui augmentent les prix sans raison», dit-il soulignant que des discussions sont en cours pour une baisse des prix. «Nous participons aux discussions. Il faut attendre ce qui va sortir de la réunion du Comité national du prix», a ajouté Me Massokhna Kane. Alors que pour Jean Pierre Dieng de l’Uncs, il n’y a pas quatre chemins pour amortir les tarifs des denrées de première nécessité. «La seule solution, c’est de mettre un nouveau ministre du Commerce et d’appliquer cette loi sur les prix et la protection des consommateurs. Dans le cas échéant, que la population s’attende à ce que les prix prennent encore l’ascenseur et les ruptures», dit-il.
Ndèye Maguette SEYE