L’Etat a les mains liées. Il doit réduire son déficit dans le cadre du programme qui le lie au Fonds monétaire international (Fmi). C’est l’une des raisons qui fait qu’il ne peut pas se permettre une politique de subvention qui permettrait de baisser les prix à la consommation.
Impossible. L’ancien Premier ministre de Macky Sall se veut formel. Abdoul Mbaye affirme que le gouvernement ne peut pas baisser les prix. «Le vrai problème est que l’Etat n’a plus de marge budgétaire. Et c’est parce qu’il doit réduire son déficit dans le cadre du programme qui le lie au Fonds monétaire international (Fmi) qu’il ne peut pas se permettre une politique de subvention qui permettrait de baisser les prix à la consommation», affirme Abdoul Mbaye.
Et d’après lui, le renoncement à certaines taxes comme la Tva n’est pas possible parce que cela va creuser le déficit budgétaire qui est déjà très élevé et qu’il faut réduire de plus de moitié! «Donc c’est une voie impossible. C’est pourquoi je parle d’impasse», ajoute-t-il. «Le Sénégal est contre un mur. Il est en impasses budgétaire et d’endettement, et même de paiements extérieurs», dit-il encore. Selon lui, la correction est en train de se faire au détriment de la population sous la forme d’un ajustement structurel en l’absence d’ajustement possible par la monnaie. Les Sénégalais doivent savoir qu’ils seront de plus en plus fatigués. La production et l’emploi n’évoluent pas, et les prix augmentent. Toute autre déclaration est politicienne et ne vise que tromperie (…) «La hausse des prix intérieurs se poursuivra comme volet de l’ajustement structurel devenu nécessaire suite aux gaspillages et à l’endettement extérieur excessif. La mal gouvernance appauvrira de plus en plus des Sénégalais déjà très fatigués», indique le fondateur de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (Act).
Macky Sall a demandé au gouvernement d’intensifier les initiatives, actions de stabilisation et mesures urgentes de baisse des prix des denrées de consommation courante. «Le président de la République invite, à cet égard, le ministre des Finances et du Budget et le ministre du Commerce, à réunir, dans les meilleurs délais, le Comité national des prix», indique le communiqué du Conseil des ministres de mercredi dernier.
Celui-ci qui fut le premier chef du gouvernement de Macky Sall, rappelle que les subventions à l’électricité, qui ont été réduites à la demande du Fmi, ont entraîné l’augmentation du prix de l’électricité. Selon lui, c’est un déficit à combler au niveau de la Senelec, alors que le prix du pétrole était au plus bas. Mais, à l’en croire, le besoin de subvention se reconstitue parce que le prix du pétrole remonte à vive allure. «Comment pourront-ils baisser le prix de l’électricité au profit des consommateurs? Cela ne concerne que le cas de l’électricité dont le prix élevé appauvrit le consommateur et empêche tout développement industriel», indique Abdoul Mbaye. «Alors que le ministre des Finances et du Budget se glorifie d’un budget de dépenses qui atteindrait les 5 000 milliards en ne respectant pas les normes légales de sa présentation, on oublie de préciser que le déficit représente déjà près d’un tiers des recettes», soutient-il.
Charles Gaïky DIENE