Bousculé par l’opposition dans certaines localités symboliques du pays lors des locales, le pouvoir devra énergétiquement réagir pour relativiser l’échec de certains de ses candidats et prouver qu’il garde la main. Et tout semble dépendre du futur Premier ministre que Macky Sall va choisir. Lequel devrait être un homme intègre, honnête, compétent, respecté, que les Sénégalais aiment…., capable d’animer l’action gouvernementale et de pacifier le pays.
S’il veut réconcilier les Sénégalais et reprendre en main la situation, Macky Sall devrait nommer à la station primatoriale quelqu’un d’intègre, d’honnête, de compétent, qui a du recul, que les Sénégalais aiment, qui a des relais à l’international et qui peut, pendant son absence pour son mandat à l’Union africaine, durant cette année, animer l’action gouvernementale et pacifier le pays. Mais cet homme qui ne sera pas un «bouton», comme disait l’autre, devra d’abord enlever la politique de l’administration sénégalaise. Car, avec la politisation à outrance de cette grande administration que Senghor nous a léguée, certains ministres n’ont plus de prise sur leur directeur comme aux Finances où le directeur des Domaines, Mame Boye Diao, semblait toiser son patron Abdoulaye Daouda Diallo, sans rien craindre. Un dysfonctionnement de l’Etat qui provoque un dépérissement de l’Etat.
Cet oiseau rare, que Macky Sall ne devrait pas avoir de mal à trouver, doit être un homme respecté surtout par les chefs maraboutiques, et qui est à équidistance entre le profane et le sacré.
La tâche étant hardi, après la défaite politique dans de grandes collectivités locales et les tensions sociales différées par l’élection, le chef de l’Etat a surtout besoin d’un homme alerte qui sait anticiper les crises dans ce contexte où le Sénégal est dans une ceinture de feu, avec tous les coups d’Etat qui minent la sous-région.
Ce Premier ministre qui devrait normalement venir du secteur privé, et que les bailleurs de fonds devront apprécier, doit être un profil qui connaît les arcanes de la Finance et qui soit capable d’inventer et de lancer des projets à haute intensité de main d’œuvre pour enfin trouver de l’emploi à ces milliers de jeunes qui ont, aussi, étalé leurs frustrations dans cette élection. Ce, malgré le programme «xëyu ndaw ñi» avec 450 milliards de francs Cfa annoncés.
Sous ce manteau de Premier ministre, l’actuel ministre de la Coopération internationale, Amadou Hott, aurait pu être un bon profil. Malheureusement, le jeune loup Bara Gaye a brisé son élan et privé de la banlieue de toute son attraction. Quel gâchis!
Amadou Bâ, l’ancien argentier de l’Etat et ancien chef de la Diplomatie sénégalaise a le profil de l’emploi. Mais, cette compétence avérée est détestée par la cabinet noir du château et l’entourage directe du «Patron». L’autre «Mackysard» auquel on peut penser, c’est Matar Bâ, le ministre des Sports. L’indice qui nous mène à lui est qu’il est le seul candidat à qui le chef de l’Etat à prêter main forte dans cette élection en se déplaçant dans son fief de Fatick pour inaugurer une mosquée. Cela pourrait signifier qu’il veut tout faire pour qu’il ne perde pas, comme Amadou Hott à qui il a remis 100 millions de francs Cfa le dernier jour de la campagne pour une mosquée de Yeumbeul Sud afin de l’aider à passer, hélas !
Mais, dans ce contexte, un profil comme Mamadou Lamine Loum, le dernier Premier ministre d’Abdou Diouf ferait l’affaire pour Macky Sall. Il est très brillant et maîtrise bien les questions économiques. Et dans ce contexte de Covid-19, le pays a besoin de profils capables de guider les meilleurs choix économiques. Comme Loum, d’autres grands Sénégalais sont disponibles et prouvent que ce pays regorge de hautes compétences en hibernation.
Cependant, voulant toujours surprendre les Sénégalais, en clignotant à gauche pour virer à droite comme son mentor, Abdoulaye Wade, Macky Sall est capable de nous sortir de sa botte un jeune comme Pape Sarr de la Der ou Ibrahima Kane d’Air Sénégal, de hautes compétences qui peuvent faire le job sans exister et qui ne peuvent cristalliser des attaques des politiques dans ce contexte de ras-le-bol où les sbires de son système sont en train de rivaliser d’ardeur pour tenter de trouver un habillage à cette raclée.
Seyni DIOP