Des milliers de manifestants ce sont rassemblés ce samedi dans la capitale burkinabé Ouagadougou, pour réclamer le départ du président Roch Marc Christian Kaboré jugé “incapable” de mettre un terme à la présence djihadiste dans le pays.
Ces rassemblements de manifestants qui souhaitent dénoncer “l’incapacité” du président Roch Marc Christian Kaboré à faire face à la violence djihadiste qui ravage le Burkina depuis 2015, avaient été interdits par la mairie de Ouagadougou.
Les policiers anti-émeutes ont tiré du gaz lacrymogène pour empêcher les manifestants de se rassembler place de la Nation, dans le centre de la capitale quadrillé par un important dispositif de sécurité et où tous les commerces étaient fermés.. Dans plusieurs quartiers de la capitale, des jeunes en colère ont érigé des barricades et incendié des pneus pour empêcher gendarmes et policiers de venir disperser d’autres rassemblements.
“Je vous invite à prendre toutes les dispositions que vous jugerez utiles pour qu’aucune manifestation illégale ne puisse se dérouler sur le territoire communal” de Ouagadougou, a demandé le maire Armand Beouindé, dans une note adressée aux commandants de la gendarmerie, de la police nationale et municipale.
L’un des manifestants, Fabrice Sawadogo, un jeune de 28 ans, a affirmé qu'”après sept ans d’incapacité face aux attaques terroristes qui nous endeuillent chaque jour, il est temps de demander le départ du régime”. “Nous n’avons pas à négocier avec un gouvernement incompétent qui doit admettre qu’il a échoué“, a-t-il affirmé.
La Coalition du 27 novembre, regroupant trois organisations de la société civile, avait appelé “l’ensemble des Burkinabé à sortir massivement” samedi “dans une ambiance pacifique, pour dénoncer l’insécurité grandissante et exiger le départ du chef de l’Etat“, Roch Marc Christian Kaboré.
Internet coupé
Alors que la colère grandit au Burkina Faso, le gouvernement a “décidé de prolonger la suspension de l’internet mobile pour une durée de 96 H à compter de mercredi“, sur l’ensemble du territoire national, après une précédente interruption de quatre jours pour “raison de sécurité“.
“Nous devons mettre fin aux dysfonctionnements inacceptables qui sapent le moral de nos troupes combattantes et entravent leur efficacité dans la lutte contre les groupes armés terroristes“, a déclaré jeudi soir le président Kaboré.
Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences attribuées à des groupes armés djihadistes, affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique. Les attaques qui visent civils et militaires sont de plus en plus fréquentes et en grande majorité concentrées dans le nord et l’est du pays.
La dernière attaque du 14 novembre contre un détachement de gendarmerie à Inata (nord) qui avait auparavant appelé à l’aide a profondément choqué les Burkinabé. Au moins 57 personnes, dont 53 gendarmes, ont été tuées par des djihadistes armés dans l’une des attaques les plus meurtrières contre les forces de sécurité en six ans.
Parfois mêlées à des affrontements intercommunautaires, les violences djihadistes ont fait depuis six ans environ 2.000 morts et contraint 1,4 million de personnes à fuir leur foyer.
Avec AfricaNews