Faute d’argent, en permanence, veuves et vieux qui perçoivent des pensions dérisoires éprouvent d’énormes difficultés pour percevoir leur argent au bureau de poste de Saldé. Très éprouvés, certains d’entre eux, après un long trajet, rentrent bredouilles.
(Correspondance) – Le bureau de poste de Saldé éprouve d’énormes difficultés pour payer ses usagers. Une situation qui perdure depuis plusieurs années et qui inquiète les populations habitant dans cette partie nord du pays. La situation qui se passe, aujourd’hui, dans ce bureau est si regrettable que les insulaires soutiennent qu’ils ne seraient pas surpris si ce bureau cité en référence venait à être fermé. Après presque 100 ans d’existence, ce bureau de poste est, en permanence, confronté à des ruptures de liquidités. Et ce sont les personnes âgées, titulaires de pensions de retraites, qui trinquent. Des veuves qui perçoivent des modiques sommes de 35 mille F Cfa sont régulièrement renvoyées à plus tard faute d’argent dans les coffres. Et chose assez bizarre, dans ce bureau, si vous avez la chance d’être payé, il vous faut faire la navette dans le village au cas où on doit vous rendre la monnaie. C’est vous-même qui devez-vous rendre dans le village à la recherche de la monnaie. Et vous êtes obligé de faire le tour des boutiques pour vous en procurer. Une situation qui met en colère les nombreux pensionnaires, notamment à la veille des événements religieux comme la Tabaski, la Tamkharite, la Korité, le Gamou, etc. Puisque, dès qu’ils se présentent auprès du payeur, c’est la même chanson : «Il n’y a pas d’argent.» «Ce sont toujours de longues distances que nous parcourons et malheureusement nous sommes déçus, dès que nous arrivons dans ce bureau de poste. Nous sommes accueillis par nos compagnons de galère que nous trouvons assis sous les arbres qui nous informent aussitôt qu’il n’y a pas d’argent», pestent quelques vieux venus de localités lointaines. Qui ajoutent que ceux qui bénéficient de «mandats» avec des sommes assez consistantes sont renvoyés ailleurs. «Pourtant, le plus gros montant ne dépasse pas 100 mille voire 200 mille F Cfa», lance un payeur qui laisse entendre qu’il préfère payer ce montant à une dizaine de personnes plutôt que de le donner à une seule personne.
Au bureau de poste de Saldé, des veuves viennent même de la Mauritanie notamment des localités comme Sorimalé, Thila, Mbotto, etc. Triste scène pour ces nombreux vieillards qui arrivent à se déplacer à peine, car, gagnées par le poids de l’âge. Et qui sont obligés de rebrousser aussitôt chemin quand ils sont informés d’une pénurie d’argent.
Dans cette partie située en plein cœur de l’île à morphil, les usagers craignent même la fermeture du bureau de poste de Saldé. «On ne peut continuer éternellement à payer des gens alors que les fonds ne rentrent pas», grogne un payeur. «Même ceux qui détiennent des comptes d’épargne ont du mal à retirer leurs sous», ajoute un notable. «Comment se fait-il que je garde mon argent ici, que je me présente pour faire un retrait et qu’on me dise qu’il n’y a pas d’argent ?», s’insurge-t-il.
«A Saldé, le bureau de poste qui date de la période coloniale est en train de mourir de sa belle mort», regrettent certains notables qui invitent le gouvernement à mettre à la disposition de ces institutions financières suffisamment de fonds pour éviter les ruptures de fonds.
Abou KANE