2 ans dont 6 mois ferme. C’est la peine que le parquet a requise contre Kabirou Mbodji, le Directeur général de Wari, poursuivi pour abus de confiance par ses trois ex-associés.
Le procès ouvert le 11 mai dernier et renvoyé après l’audition partielle du témoin, s’est poursuivi, hier mercredi. En fait, Malick Fall, Cheikh Tagué et Seyni Camara reprochent à Kabirou Mbodji d’avoir détourné 25 milliards de FCfa. Le premier avait déclaré que les problèmes de gestion ont démarré lorsque l’entreprise est passée d’une société à responsabilité limitée à une société anonyme, partie de zéro pour leader sur le marché car leur associé les a écartés.
« Kabirou Mbodji a volontairement caché le capital de 2012. Il a dissimulé les résultats pour ne pas faire une augmentation par réserve. Il l’a fait pour justifier qu’on n’a pas suffisamment de fonds propres. L’augmentation du capital nous a dilués », avait révélé M. Fall. Avant d’ajouter : « Nous trois avions 45%. En 2013, Kabirou augmente le capital en le multipliant par 10. Alors que la société s’offrait des 4×4 et autres privilèges, il est venu dire que la société bat de l’aile et qu’il faut augmenter le capital à hauteur de 300 millions. De 45 %, on s’est retrouvé avec un peu plus de 3%. Il a falsifié les états financiers ».
Cheikh Tagué déclarait pour sa part que Kabirou Mbodji s’est auto-octroyé 8 % du chiffre d’affaires de Wari, soit 500 millions de francs CFA, de façon frauduleuse. « Avec son concours, Me Boubacar Camara a reçu 5% de ce chiffre d’affaires. Me Camara après Kabirou Mbodji est le deuxième actionnaire de la société. Il est devenu associé en 2014. C’est entre les deux augmentations qu’il est devenu associé », déplorait-il. Quant à Seyni Camara, il disait : « depuis la création de Wari et de la société « Interactive », créée deux ans après Wari, nous n’avons reçu aucun sou ». En somme, les trois parties civiles accusent le prévenu d’avoir détourné les fonds pour créer sa propre société avec le silence coupable du commissaire aux comptes qui a refusé de leur remettre les rapports sur le contrôle des comptes de la société. « Cela fait 10 ans que nous courrons derrière ces documents. Le commissaire aux comptes était resté introuvable », disait M. Camara. Lorsqu’il avait été entendu, le commissaire aux comptes avait réfuté les accusations. « J’étais chargé d’effectuer les contrôles pour les années 2013-2014-2015. J’ai fait deux rapports que j’ai remis à l’Ofnac. Je n’ai pas répondu à l’interpellation des plaignants car ils m’indiquaient ce que je devais faire. J’ai noté des incertitudes que j’ai mises dans mon rapport d’opinion. Les incertitudes concernent le transfert de fonds vers d’autres filiales », avait témoigné l’expert-comptable Boiry.
Hier, il a maintenu son témoignage en soutenant n’avoir pas décelé de détournement, même s’il reconnaît que l’activité de Interactive est passée de 1,5 milliards à 47 millions entre 2013 et 2014. Par rapport à certains mouvements suspects allégués par les parties civiles, le témoin a soutenu que Cheikh Tagué était au courant. Ce que ce dernier a contesté.
Idem pour Malick Fall qui a soutenu que la société Interactive est passée de milliards à zéro puisque Kabirou Mbodj y a puisé 2 milliards pour les investir dans sa propre société dénommée Interlink. A l’en croire, c’est avec la complicité du commissaire aux comptes qui devait jouer un rôle d’alerte. Les conseils des parties civiles ont décrié l’absence de Kabirou Mbodj. Outre l’abus de confiance, ils considèrent qu’il y a escroquerie.
Pour le préjudice, ils ont réclamé la somme globale de 75 milliards FCfa. Le parquet a demandé que l’abus de confiance soit disqualifié en abus de biens sociaux.
LeSoleil