Professeur Moussa Seydi, chef du Service des maladies infectieuses et tropicales (Smit) du Centre hospitalier et universitaire de Fann et Abdoulaye Diouf Sarr, ministre de la Santé ont fini de montrer leur désaccord sur le front de la lutte contre la Covid-19.
Le fossé de la mésentente entre le professeur Moussa Seydi, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Fann et son ministre de tutelle, Abdoulaye Diouf Sarr, se creuse davantage. Du 02 mars 2020, date d’apparition du premier cas de coronavirus, à nos jours, on a pu relever, au moins, trois polémiques les mettant au-devant de la scène. La dernière est récente et concerne une supposée pénurie d’oxygène dans les centres de traitement des épidémies (Cte).
Début juillet, le professeur Moussa Seydi, en marge d’une réunion du comité nationale de gestion des épidémies (Cnge), avait décrié un problème d’oxygène dans les Cte. Il avait signalé que certains hôpitaux sont confrontés à des problèmes de panne et de qualité d’oxygène. Cette situation, avait-il signalé, pourrait être fatale pour les malades. Une sortie qui a mis Diouf Sarr hors de lui. Pour la réplique, Diouf Sarr s’est appuyé sur la cérémonie de lancement de la campagne de vaccination «Johnson et Johnson», au centre de santé de Philippe Maguilène Senghor. Interpelé sur la sortie de son collaborateur, le ministre a indiqué qu’il n’y a aucun moment un Cte sans oxygène. Non sans manquer de préciser, par une ironie, qu’il n’est pas là pour apprécier les points de vue des uns et des autres. «Nous sommes partis de 12 lits dans un seul Cte, au début de la pandémie, pour arriver à plus de 30 Cte totalement équipés en respirateurs, en oxygène et en réanimation. Il n’y a eu en aucun moment un Cte sans oxygène. Il est disponible partout. Il n’y a pas de risque ni de problème, nous sommes en train de gérer la situation», répond Abdoulaye Diouf Sarr.
Cette relation heurtée entre les deux hommes s’était encore manifestée lors de la dernière assemblée générale du Centre régional de recherches et de formation (Cref). Dénonçant l’organisation de ladite Ag, en juin dernier, le professeur Seydi donne ordre au personnel médical, une équipe composée de deux médecins, une infirmière et une secrétaire médicale, qu’il avait mise à la disposition du Crcf, de quitter les lieux et de rejoindre le Service des maladies infectieuses et tropicales (Smit). Il s’y ajoute qu’il n’a pas pris part à la dernière rencontre du Conseil d’administration du 18 mai 2021, alors qu’il a été invité pour discuter des points inscrits à l’ordre du jour, telles que la validation du règlement intérieur; la présentation du rapport financier, la présentation des projets de recherches en cours et perspectives. Les raisons de sa colère le poussant à se retirer du Cref sont à chercher, selon des indiscrétions, dans certaines procédures que les membres avaient prévues de légaliser au cours de l’assemblée générale.
En mai 2020, une sortie jugée peu orthodoxe du professeur avait secoué le ministère de la Santé et de l’Action sociale alors que ce dernier se targuait d’une belle politique de gestion des hôpitaux. En visite à l’hôpital régionale de Ziguinchor, Moussa Seydi avait fait un diagnostic de la situation «désastreuse» de cet établissement sanitaire. Une remarque qui avait mis Diouf Sarr dans tous ses états. Le professeur aurait même été mis au placard à cause de cette sortie. Il a été victime de critiques émanant des proches collaborateurs du ministre. Une situation qui avait poussé les syndicats des enseignants du supérieur de s’ériger en bouclier, car le considérant rattaché au ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (Mesri). Une position qui laisse croire qu’aucune subordination ne lie le professeur Seydi au ministère de la Santé. «Il est libre comme tout universitaire de donner son avis sans l’aval de Diouf Sarr», écrivaient les deux syndicats d’enseignants du supérieur. Il aura fallu l’intervention du chef de l’Etat, Macky Sall, pour que les angles soient arrondis. Pour rappel, le professeur Seydi était au cœur de la gestion de l’épidémie d’Ebola, sous la tutelle de Eva Marie Coll Seck, ministre de la Santé d’alors. Il n’y avait pas toutes ces polémiques à l’époque.
Salif KA