Enseignant chercheur à la Faculté des sciences juridiques et politiques (Fsjp) de l’Ucad, Serigne Thiam souligne que cette loi qui assimile une manifestation à du terrorisme est «extrêmement grave et dangereuse».
Selon lui, c’est une loi arbitraire qui porte atteinte à la constitution et aux libertés fondamentales. «C’est une loi attentatoire aux libertés fondamentales qui vise à museler l’opposition et les Sénégalais. C’est extrêmement dangereux. Cette loi ne devrait pas passer. Elle est plus grave que la loi de 2011 sur le ticket présidentiel et le quart bloquant. On risque d’assister à une porte ouverte à l’arbitraire. On pourrait à tout moment accuser des personnes de terroristes par rapport à des manifestations qui seraient interdites», déplore-t-il. Avant d’ajouter: «La liberté de manifestation est constitutionnelle et est garantie par les dispositions de la constitution, notamment les articles 08 et 10. Ce sont des libertés garanties avec tous les moyens possibles que ce soit par écrit, schéma».
D’après Serigne Thiam, la participation à une manifestation est soumise à un régime de déclaration et non à un régime d’autorisation. «Le président de la République est en train de bafouer toutes les règles démocratiques et institutionnelles, tous les acquis démocratiques», estime-t-il. D’autant plus, soutient-il, qu’on parle parfois de réclusion criminelle. «C’est un recul démocratique. Macky Sall est dans la dynamique de donner raison à ceux qui pensent qu’il prépare un troisième mandat. La loi pourrait viser principalement Ousmane Sonko. Ce dernier, face à ses appels, peut d’un moment à l’autre, être arrêté et poursuivi pour apologie du terrorisme», prévient Serigne Thiam.
Salif KA