C’était indécent de l’exhiber devant les caméras de télévision, condamne d’emblée Seydi Gassama, d’Amnesty Sénégal. «Tout cela porte atteinte à sa dignité. Dès l’instant qu’il n’était pas arrêté, ni armé, n’opposait pas de force à la résistance, on pouvait l’arrêter tranquillement. On n’avait pas besoin de cette théâtralisation à laquelle on a assisté.
Manifestement, la gendarmerie voulait prouver qu’elle a été efficace. Nous savons qu’elle est très efficace. Elle n’avait pas besoin de l’exhiber comme cela aux yeux du monde entier», a déploré Seydi Gassama, hier, en marge d’une conférence de presse au siège d’Amnesty Sénégal. M. Gassama voit par ailleurs derrière l’escapade du prisonnier vedette une défaillance dans le système judiciaire. «Il a été manifestement victime d’une longue détention, son affaire devait être jugé en appel je crois. Au-delà de l’acte qu’il a commis. L’Etat devrait réfléchir sur les motivations, qu’ils s’agissent des longues détentions qu’elles soient préventives ou dans le cadre de procédure d’appel. L’Etat doit augmenter les moyens de la justice», décrypte-t-il. Si, aujourd’hui, on a de longues détentions, c’est parce que la justice n’a pas les moyens pour remplir sa mission, considère par ailleurs M. Gassama. «Il faut augmenter le nombre de magistrats, les cabinets d’instructions, faire en sorte que les chambres criminelles puissent siéger le plus fréquemment possible. Je ne dis pas comme les chambres correctionnelles, mais au moins qu’on puisse avoir une session mensuelle des chambres criminelles. Cela permettrait aux longues détentions de diminuer et éviterait des risques d’évasion comme on en a vu avec Boy Djinné», a proposé Seydi Gassama. Boy Djinné s’est déjà évadé plus de 12 fois et attend toujours son procès en appel. Concernant d’ailleurs les évasions de Boy Djinné, Seydi Gassama conseillera : «Qu’elle que soit la revendication, il devrait éviter de se retrouver dans une situation hors la loi, de mobiliser toutes les forces de sécurité pour le pourchasser et l’arrêter et le ramener».
Emile DASYLVA