Chronique de WATHIE
Les événements tragiques qui ont dernièrement secoué le Sénégal consignés dans des mémorandums, le pays reprend sa marche d’antan comme si de rien n’était. Macky découpe les territoires en fonction des intérêts de sa coalition, se tape un nouvel avion qu’il n’inaugure pas et renoue avec les tournées politiques, distribuant l’argent du contribuable et distillant des promesses qui finiront en fumée. Et pendant ce temps, SONKO est cloué au Sénégal où les motos Jakarta et les grenades lacrymogènes sont débarquées en nombre, en très grand nombre.
Le bureau du foyer d’un lycée marche plus droit que l’Etat du Sénégal. Les élèves, au moins, en dépit de l’écroulement de leur niveau, savent se montrer cohérents et n’iront pas jouer au PMU avec leurs frais d’inscription.
En moins d’une semaine, on aura tout entendu. Comme à l’accoutumée, c’est Macky ou un de ses parents qui fait une connerie que les tenants du pouvoir se dépêchent de chercher à justifier dans une cacophonie qui finit par avoir raison sur tout discours censé. S’il restait au ministre Oumar GUEYE une once de dignité, il allait rendre le tablier qu’Abdoulaye Daouda DIALLO a enduit de boue nauséabonde. «L’avion de commandement est géré par l’Armée nationale, donc estampillé secret-défense. Ce n’est pas parce que nous ne voulons pas en parler. Mais c’est un avion de très bonne qualité et qui offre toutes les sécurités». C’est ce que le ministre des Collectivités territoriales et du Développement territorial, porte-parole du gouvernement, a osé affirmer sur le plateau de la RTS. Et c’était sa deuxième sortie ce dimanche-là, après son communiqué qui a confirmé l’achat du nouvel avion de commandement. Dans la même semaine, le ministre des Finances et du Budget prend le contrepied du porte-parole du gouvernement et donne un prix qui serait celui de l’appareil. C’est “ 57 milliards 447 millions 235 mille 356 francs CFA”, se hasarde Abdoulaye Daouda DIALLO. Avant que ce dernier ne rétablisse la “vérité des chiffres” voulus par le régime, c’est le coordinateur de la communication de la présidence de la République qui accordait un entretien au quotidien Le Soleil pour défendre la pertinence d’une telle acquisition. Le ton donné, toute l’armada médiatique de Macky SALL se déploie pour conter le bien fondé de cette lubie présidentielle.
Un brouhaha qui témoigne de l’envergure de la forfaiture que le leader de l’APR vient de commettre. Et qui repose la question de savoir comment ce dernier a pu dribbler tout le monde pour s’installer si confortablement à la tête de l’Etat dont il ne cesse d’écorner l’image. L’avion renvoie une symbolique de luxe, en acquérir un en ces temps de dèche nationale est plus qu’une inconscience, c’est du cynisme pour ne pas dire du sadisme. Si Macky SALL se le permet alors que les familles des victimes des événements tragiques qui ont dernièrement secoué le Sénégal n’ont pas encore fini d’observer le deuil, c’est que le pays est loin d’avoir quitté les sillons menant au chaos.
En effet, la bassine de mécontentements qui avait fini par déborder, se remplit de nouveau de frustrations, de vexations, d’injustices… Pendant que le président SALL se paie un avion qui va coûter au bas mot 100 milliards de F CFA, les écoles privées d’enseignement supérieur du Sénégal réclament 16 milliards de francs CFA à l’Etat. Une dette qu’il traîne depuis 2018 et qui incite lesdites écoles à œuvrer dans une facilité qui rebute l’excellence. Au même moment, il est annoncé à ces mêmes Sénégalais, qui sont à peine sortis de “Mbass mi”, “Mbeun mi” et “Beuk mi”, qu’il y a une augmentation allant de 50 à 100 voire 200 % du prix de certains médicaments. Une hausse qui pousse le Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal (SPPS) à appeler au boycott des produits concernés “jusqu’au rétablissement de leur prix fixé par la loi». Quid des patients?
La voix inaudible de tous ces Sénégalais dépités, désabusés et désargentés ne peut même plus être reprise par une opposition accusée et acculée. Tous ces vrais opposants ayant désormais leur dossier au tribunal, Macky SALL retrouve ses atours d’autocrate. Le dialogue politique, qu’il avait pourtant lui-même initié, mis entre parenthèses, il fixe unilatéralement la date des élections municipales et départementales avant de procéder au découpage politique de certains territoires en fonction de la représentativité de son camp. Le Colloque international de Lomé auquel Ousmane SONKO n’a pu assister physiquement renseigne que Macky SALL commence à récolter les fruits de l’affaire “sweet beauty” qui tombe juste entre la présidentielle et les élections locales. Ainsi, les motos Jakarta, c’est donc pour les jeunes à qui il a promis emplois et meilleur avenir. Pour lui, ce sera A320Néo, destination 2024.
Mame Birame WATHIE