Le Président malien de la Transition Bah N’daw et son Premier ministre Moctar Ouané se sont faits arrêter, hier, par des militaires venus du camp de Kati. Leur arrestation fait suite à la publication de la liste d’un nouveau gouvernement.
Les Maliens répètent souvent qu’il faut «être ensemble». Mais dans le fond, ils ne semblent jamais être ensemble. Ils ne sont d’accord que sur leur désaccord. La preuve: dès que la liste du nouveau gouvernement a été, hier, rendue publique, des militaires, visiblement mécontents, ont arrêté le Président de la transition, Bah Ndaw et le Premier ministre, Moctar Ouané. Les deux hommes ont été conduits à la ville de Kati, à la fameuse garnison militaire d’où étaient partis les soldats qui avaient balayé, le 18 août 2020, le pouvoir du président Ibrahim Boubacar Keïta et son gouvernement. Bah Ndaw et Moctar Ouané vont méditer sur le sort que leur réserveront les militaires, en attendant sans nul doute une levée de boucliers de la part de la communauté internationale. Le nouveau gouvernement est composé de 25 ministres comme celui précédent. Il y a 11 ministres qui n’ont pas été reconduits. Parmi ceux-ci, deux éléments clés à l’origine de la chute de l’ancien président Ibrahima Boubacar Keïta. Il s’agit des colonels Sadio Camara et Modibo Koné, qui sont remplacés à leurs portefeuilles respectifs de la Défense et de la Sécurité. Ces deux hommes ont donc été évincés par Bah Ndaw et son Premier ministre.
Tout porte à croire qu’ils sont à l’origine de cette poussée de fièvre des soldats mécontents de leur éviction du gouvernement. Sadio Camara et Modibo Koné font partie des orfèvres de l’arrivée au pouvoir de Bah Ndaw. Mais les raisons pour lesquelles le président de la Transition et son Premier ministre ont été conduits à la garnison de Kati, ne sont pas encore connues. Il est évident que ce coup de colère des militaires va porter un sérieux coup au processus de transition. Le Mali fait face à des crises multiformes : insécurité, pauvreté, chômage, crise sanitaire… Le moment semble mal venu pour arrêter le processus en cours. Ce n’est pas l’heure pour les militaires qui sont les auteurs de ce «putsch» de faire du chantage sur le dos des populations maliennes. Il ne faut pas qu’ils se cachent sous leur treillis pour dicter leur loi. Pourtant, il ne restait plus que neuf mois au président Bah Ndaw et son équipe pour organiser l’élection présidentielle qui devrait permettre au Mali de retrouver le chemin de la démocratie conformément à la feuille de route de la Cedeao, des autorités de la Transition ainsi que le reste de la communauté internationale. Déjà, le calendrier des élections a été rendu public et des Maliens, notamment ceux de la classe politique, avaient lancé les hostilités électorales. Nul doute qu’ils doivent freiner des quatre fers.
Baba MBALLO