La fête de Korité risque d’être sans saveur pour beaucoup de ménages. En effet, non seulement la production actuelle ne pourra pas satisfaire la forte demande intérieure, mais les prix de la volaille ont connu une «légère hausse».
Le marché sera relativement bien approvisionné en volaille, mais la demande ne sera pas satisfaite à 100 %, de l’avis même d’Aminata Assome Diatta, ministre du Commerce. Elle affirme qu’il y a un déficit de 10 %. «Les besoins pour ce mois sont estimés à 10 millions, mais l’ensemble des producteurs réunis n’ont promis de fournir que 9 millions de poulets, soit un déficit de 10%», renchérit Aly Saleh, le ministre de l’Elevage et des Productions animales. La forte demande de ce mois, liée à la fête de la Korité, étant supérieure à l’offre, le prix du poulet a connu naturellement une légère hausse ces derniers jours. «Il y a une légère hausse du prix du poulet à cause de la forte demande. Mais nous avons espoir pour une bonne production et un approvisionnement correct du marché», souligne Aminata Assome Diatta.
Mais ce n’est pas seulement la forte demande qui explique cette hausse. Anta Babacar Ngom, la directrice générale de Sedima, affirme que le prix du maïs, l’aliment de base de la volaille, a connu une hausse ces derniers temps. Les producteurs nationaux importent tout leur blé principalement du Brésil et de l’Argentine. En plus, la crise sanitaire et les restrictions ont également impacté le secteur de l’aviculture, selon les ministres.
Abattoir, 10 milliards de francs d’investissement
Ces deux ministres s’exprimaient, hier, lors d’une visite des abattoirs de la Sedima, à Bayakh, à la sortie de Bambilor. Cette usine ultra moderne, d’un coût de 10 milliards de Cfa. «Nous sommes venus constater de visu les efforts de la Sedima, un acteur majeur de l’agro-industrie. Nous sommes satisfaits des investissements de dernières générations réalisées par l’entreprise qui montre que le pays anticipe la lutte contre l’insécurité alimentaire», poursuit le ministre du Commerce qui révèle que 60 % de la production avicole nationale sont l’œuvre des industriels. Selon elle, le gouvernement est disposé à aider les acteurs de la filière. «L’Etat a pris la juste mesure des choses pour la protection filière nationale. C’est aussi un appel lancé à la Sedima afin qu’elle joue son rôle moteur de la filière. C’est une question de responsabilité», soutient le ministre de l’Elevage. Aly Saleh promet également de mettre en place un système d’information qui sera, d’après lui, le point de départ du plan de relance pour accompagner le secteur avicole industriel et semi industriel pour permettre au Sénégal de reprendre sa place. «Nous vous suivons avec satisfaction et nous sommes prêts à vous accompagner pour faire face au problème qui ne manqueront pas», dit-il encore. Selon lui, pour développer un pays, il faut une masse critique capable de porter les secteurs stratégiques. «Votre choix engendre de la responsabilité et cela ne va pas sans difficultés. Mais sachez que l’État est derrière vous», poursuit le ministre. «Cet engagement que nous venons d’entendre des ministres, c’est ce que nous avons toujours souhaité, parce que nous vivons des moments difficiles à cause de notre sensibilité. Néanmoins, nous sommes satisfaits de dire que toute la production poulet vient du Sénégal», se réjouit la directrice générale de Sedima qui compte beaucoup sur le plan de relance de la filière pour produire davantage de poulets et satisfaire la demande intérieure. Sedima, c’est de plus 1 000 emplois directs et 20 mille indirects, selon son Pdg.
Charles Gaïky DIENE