La Journée mondiale de la liberté de la presse a été célébrée, hier, à travers le monde. Une occasion saisie par les acteurs de la presse sénégalaise pour tenir un sit-in devant le ministère de la Communication pour dénoncer les difficultés dans l’exercice du métier.
Arborant des pancartes où on peut lire «La presse en danger» ; «Ma liberté n’est pas négociable» ; «Touche pas à mon métier» ; «ça suffit» ; «Nous dénonçons les licenciements abusifs» ; etc., des brassards et tee-shirts rouges, les acteurs de la presse ont haussé la voix, hier. En sit-in devant le ministère de la Communication à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, journalistes, techniciens des médias et caméramens ont fustigé la précarité qui gangrène le secteur de la presse. «Nous réclamons la Haute autorité de régulation de la communication et de l’audiovisuel (Harca) à la place du Conseil national de régulation et de l’audiovisuel (Cnra). Nous exigeons une loi pour l’accès à l’information et au respect de la Convention collective des journalistes. Aujourd’hui, beaucoup de nos jeunes frères qui sont dans les écoles de formation hésitent à suivre le journalisme, parce que, nos conditions de travail sont précaires, car, l’Etat n’est pas à notre chevet. Nous ne pouvons pas continuer à vivre dans des difficultés», lance Bamba Kassé secrétaire général du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics) du haut de la tribune.
Président de la Convention des jeunes reporters du Sénégal (Cjrs), Ibrahima Baldé a fustigé l’exploitation des journalistes dans les rédactions. Il invite ainsi les patrons de presse au respect de la convention qu’ils ont signée et qui est entrée en vigueur le 1er janvier 2019. Pour lui, les jeunes reporters ont rempli leur part du travail et il reste maintenant aux patrons de presse de respecter la condition de la dignité humaine.
«Nous réclamons des contrats et disons non aux enveloppes qu’on donne à la fin du mois. Ce qui s’est passé avec l’aide à la presse, nous ne l’accepterons pas pour le Fonds d’appui au développement de la presse. Que ça soit très clair. Il faudrait que les jeunes soient mis dans des conditions idoines pour faire leur travail», tonne-t-il. «La viabilité des entreprises de presse fait partie de la préoccupation de Reporters sans frontières. C’est un pilier de notre action et notre combat. La sécurité physique des journalistes est au cœur de nos préoccupations. Nous réitérons notre soutien total aux actions que mène la presse sénégalaise pour améliorer la liberté de la presse au Sénégal», embraie Assane Diagne, directeur du Bureau Afrique de l’Ouest de Reporters sans frontières (Rsf) à Dakar.
Membre de la Coordination des acteurs de la presse (Cap), Sambou Biagui estime que la presse est un acteur incontournable de la vie de notre démocratie mais aussi dans la société sénégalaise. Pourquoi alors veut-on mettre cette presse dans une corbeille, s’interroge-t-il ? «Nous ne l’accepterons pas», crache-t-il. De son avis, la presse sénégalaise est très engagée pour une cause noble à chaque fois que le pays en a besoin. A chaque fois que le pays est en difficultés, les acteurs de la presse sont présents dans son ensemble pour donner la bonne information alors qu’au même moment ceux-là qui sont en train de brûler le pays se terrent dans leurs salons pour prendre des «mesures inacceptables pour casser nos plumes». «C’est fini. Car, nous ne l’accepterons plus maintenant. Après ce sit-in, la Cap va revenir sur la résolution finale qui fera sans tâche d’huile dans l’espace médiatique national et international», promet Sambou Biagui. Lequel invite les acteurs de la presse à l’union pour faire face à certaines personnes qui tentent de les museler. Poursuivant, il invite les acteurs des médias à se retrouver autour de l’essentiel pour que le secteur puisse exister de manière convenable.
Samba BARRY