L’inculpation et le placement sous mandat de dépôt des manifestants interpelés lors des émeutes à Dakar se poursuivent toujours.
C’est dans cette perspective qu’Amadou Sow, Amadou Wouri Barry, Mame Dame Lô et Bada Ndiaye ont été envoyés en prison, hier, par le doyen des juges qui a suivi le réquisitoire du procureur de la République. Les deux premiers sont poursuivis pour «participation à un mouvement insurrectionnel, tentative d’incendie volontaire et de destruction de biens, association de malfaiteurs». Les deux autres se voient reprocher le délit d’«organisation d’un mouvement insurrectionnel, provocation à la commission de crimes et délits, détention et usage de chanvre indien».
Etudiants et militants de Frapp/France Dégage, Amadou Sow et Amadou Wouri Barry ont été arrêtés et conduits à la police du point E lors des manifestations du vendredi, 26 Février 2021 coïncidant avec la levée de l’immunité parlementaire d’Ousmane Sonko. Au terme de leur garde à vue, ils ont été déférés au parquet le 1er mars 2021 pour être inculpés et placés sous mandat de dépôt, hier, 09 mars 2021. Et cela, déplore Me Cheikh Khoureyssi Bâ, après neuf jours de «cette pratique liberticide et si prisée du retour de parquet entre la cave et le violon du Commissariat Central».
Militant de Sonko pour l’un et de la plateforme Nittu Dëg Valeurs, Mame Dame Lâ et Bada Ndiaye ont été cueillis le même jour (26 février) à leurs domiciles respectifs à Touba par des d’éléments de la Dic venus de Dakar.
Selon Me Cheikh Koureyssi Bâ, l’interrogatoire de la première comparution de ces quatre jeunes avait été programmé dès le mercredi 3 Mars dernier. Mais, souligne-t-il, puisqu’ils avaient tenu à être assistés par leurs avocats, la séance avait dû faire l’objet d’un report au lendemain 4 Mars pour respecter le délai de 24 heures prescrit. «Ils seront les victimes impuissantes d’une détention arbitraire sans précédent et ballottés en toute illégalité dans ce ballet ininterrompu d’allées et de venues de ce 4 Mars au 09 mars», déplore Me Bâ qui annonce la saisine de la chambre d’accusation pour donner son avis «sur cet impair aux allures de crime d’Etat». Et de poursuivre : «Des jeunes citoyens interpelés lors des violentes émeutes des derniers jours passaient ce matin à l’audience des flagrants délits du TGI. Certains manifestants ont bénéficié de la liberté provisoire mais au plus grand nombre, sur qui pèsent des présomptions de vol en réunion, cette faveur a été refusée par le tribunal. Tous comparaîtront le 16 mars pour s’expliquer sur les faits à eux reprochés».
Salif KA