Accusée de «coups et blessures volontaires ayant occasionné une amputation», l’enseignante Yacine Diop sera fixée sur son sort le 16 février. Pas convaincue des accusations, le procureur a demandé que l’accusée soit acquittée, pour «absence de preuves».
Enseignante à l’école élémentaire Abass Sall, Yacine Diop a comparu devant la Chambre criminelle de Dakar. Elle est accusée du crime de «coups et blessures volontaires ayant occasionné une amputation». On lui reproche d’avoir bastonné l’élève Khadidiatou Mbengue âgée de 5 ans à l’époque. C’était le 19 décembre 2013. Interpellée et placée sous contrôle judiciaire le 20 février 2013 suite à une plainte, l’enseignante a été placée sous mandat de dépôt le 31 juillet de la même année avant d’obtenir une liberté provisoire. Sept ans après les faits, elle a comparu libre à son procès. Devant le juge, elle a nié les accusations et évoqué un règlement de compte avec le père de l’élève. «Même si j’ai eu un différend avec son père, je n’ai jamais levé la main sur elle. C’est une enfant sérieuse et un modèle. Elle ne s’est pas blessée dans la classe, ni dans cette école. Son père m’a dit que je l’ai battue le 12 décembre et on m’a informé le 4 janvier 2014. D’habitude, je ne bas pas les enfants, je les fais juste peur», se dédouane-t-elle. Avant de poursuivre : «Khadija avait une panaris. C’est la raison pour laquelle elle a été conduite à l’hôpital. Ce jour, je n’étais pas en service».
L’enseignante laisse entendre que c’est le père de l’élève qui a informé ses supérieurs de l’état de santé de sa fille. Cela, en faisant croire qu’elle a été battue. Et, explique-t-elle, qu’elle en était l’auteure. Non sans manquer de révéler qu’elle avait des antécédents avec celui-ci il y a quelques jours auparavant. «Il dit que Khadidiatou a révélé au docteur qui la soignait que j’étais l’auteur de sa blessure. Ce qui est faux», réplique-t-elle. Non sans manquer de souligner que les témoins, à l’occurrence Mouhamed Thiam, Souleymane Bobo Diallo et Fatoumata Diop, tous des élèves, ont été manipulés par les parents de l’enfant pour l’enfoncer. «J’ai fait 8 ans dans cette école et je n’ai jamais frappé quiconque. Les déclarations des témoins relèvent des manigances de M. Mbengue, le père de Khadija avec qui j’avais des antécédents», révèle l’accusée. A l’origine de leur différend, souligne-t-elle, le fait de déplacer la fille de celui-ci au fond de la salle. Une décision, dit-elle, qui n’a pas plu à Mbengue. «Au début de l’année scolaire, avant qu’on ne commençait les cours, à chaque fois qu’il l’emmenait à l’école, il le mettait devant. Et à chaque fois, il ne faisait que se plaindre au sujet de sa fille. Par ailleurs, lorsqu’il m’a accusé d’avoir blessé sa fille, j’avais refusé d’aller chez lui lorsque le directeur nous avait suggéré de lui rendre visite», explique Yacine Diop.
Une déclaration corroborée par la victime, Khadija Mbengue qui avait 5 ans à l’époque. À l’enquête préliminaire, elle avait soutenu que c’est Yacine Diop qui l’avait frappée. «C’est après que j’ai su que j’avais une panarie. J’avoue que je sentais déjà cette douleur au doigt avant qu’elle ne me frappe», a-t-elle soutenu devant la barre. Cela n’a pas empêché à son père de revenir à la charge pour accabler davantage l’enseignante. «Tout ce qu’elle a dit ici, n’est que pure invention de sa part. À la date du 19 décembre, elle l’a battue et j’ai constaté que son phalange était rouge mais, je ne savais pas qu’elle était fracturée. Je l’ai conduite à l’infirmerie Leclerc où on lui a fait les premiers soins, les médecins m’ont conseillé d’aller lui faire passer des radios. Je l’ai conduite à l’hôpital militaire de Fann où les médecins ont constaté que son doigt commencé à pourrir. On ne m’a jamais parlé de panarie», persiste Mbengue. Dans son réquisitoire, le procureur qui demande à ce que Yacine Diop soit acquittée au bénéfice du doute, remet en cause les accusations du parent de l’élève. L’affaire est mise en délibéré jusqu’au 16 février 2021.
Salif KA