Des rues désertes, des cantines, boutiques, salons de coiffure, bars, restaurants… fermés, des transports publics à l’arrêt. C’est le décor qu’offre Grand-Yoff presque deux semaines après la restauration de l’état d’urgence assorti du couvre-feu.
Grand-Yoff. Il est 22h 45mn. La fraicheur de la soirée de ce dimanche 17 janvier 2021 balaie le quartier. Les rues et les arrêts des transports publics sont vidés de leurs occupants. N’eussent été quelques vrombissements de moteurs de véhicules particuliers ou de scooters et autres aboiements de chiens errants qui déchirent par intermittence le silence, on se croirait au beau milieu de la nuit. Pourtant, il n’est que 23h 45 mn, 2h 45mn après le démarrage du couvre-feu. Connu pour son ambiance, du fait de sa configuration et de la forte concentration de populations qui y règne, Grand-Yoff donne déjà l’air d’une ville morte. Douze jours après le couvre-feu assorti d’un état d’urgence décrété par le Président Macky Sall pour faire face à la seconde vague de la pandémie de la Covid-19, ce quartier populeux de la capitale offre l’image d’une ville fantôme. Commerces, salons de coiffure, salons de couture, restaurants, fast-food, etc. tous ont baissé rideaux avant 21 heures pour se conformer à la décision de l’autorité. Sur le pont de l’Emergence, le trafic dense de la journée a complètement disparu.
A côté à la Cité Millionnaire, un calme plat règne. Le brouhaha de la population qui anime habituellement les rues et le marché jusque tard dans la nuit a disparu. Sur la route qui mène vers l’église Saint-Paul, là où bus de transport public, «cars rapides» se disputent la voie, on ne voit désormais plus qu’une voiture particulière, de temps en temps, qui traverse l’intersection et se perd dans les ruelles du quartier vide. Les trottoirs se sont débarrassés de ces tabliers et autres marchands ambulants. Pas de ballots de friperies déversés sur les trottoirs. On n’a plus besoin de jouer des coudes pour se frayer un passage.
Sur place, quelques malades mentaux tenaillés par le froid occupent l’espace laissé vide par les populations qui se sont terrées dans leurs appartements.
Devant le poste du commissariat de Grand-Yoff, deux pick-up sont garés. Un peu plus loin, un autre véhicule rempli d’éléments des forces de sécurité et de défense fait la ronde pour traquer les éventuels contrevenants. Les rares personnes rencontrées sont interpellées puis soumises à un contrôle par les limiers, car, il faut une autorisation pour circuler.
Autre zone même, constat. Scat Urbam et la Sicap Foire ressemblent également à des quartiers abandonnés. Pas l’ombre d’un seul individu sur les bancs publics érigés au niveau du rond-point de la mairie de Grand-Yoff. Sous des immeubles, on aperçoit quelques vigiles. Non loin de l’annexe de la mairie, devant un immeuble R+3, une famille cherche désespéramment un taxi pour évacuer l’un de ses membres qui souffre d’asthme. «Depuis 22 heures, nous sommes là devant la porte dans l’espoir de trouver un taxi pour amener à l’hôpital mon fils qui fait une crise d’asthme. En vain. Mon aîné est parti voir un voisin à côté pour qu’il puisse nous déposer à l’hôpital avec sa voiture», renseigne une dame trouvée devant chez elle, complètement déboussolée.
Samba BARRY