Contre toute attente, les acteurs de la culture ont réussi à tenir leur sit-in. La rumeur courait, en effet, que leur rassemblement n’était pas autorisé. Ce, d’autant que d’autres ont subi le même sort, avant que les autorités ne lâchent du lest.
Le rendez-vous était donné pour 15 heures à la Place de la Nation (ex-Obélisque). Sur place, l’absence notoire des forces de l’ordre en tenue est perceptible à mille lieues. Le champ est visiblement libre. Plus tôt, dans la matinée, un important arsenal avait investi les lieux. De quoi faire craindre le pire et oublier le sit-in des acteurs culturels qui a alimenté l’actualité au cours de la semaine. Surtout que leur requête avait été rejetée. S’en est suivie une frustration du monde de la culture quand l’Etat autorise des rassemblements au moment où il vient d’en organiser au Musée. Comme pour se rattraper, l’Etat a permis la manifestation des acteurs culturels. Sur place, une poignée de personnes, en activité, s’offrent des selfies, forment par ci, par-là, des groupuscules. Ce n’est pas encore le grand rush malgré l’absence des hommes en tenue. Awadi apparaît, arborant un vêtement à la Che. Puis, c’est Daniel Gomes qui se pointe. Entre-temps, la foule grossit, mais le pavé n’est pas encore rempli. Ngoné Ndour, en style chaperon rouge, est aux commandes, se faufilant dans la foule, moins clairsemée… Le groupe de la culture retrouve ses visages, sous leurs baskets, treillis… La mayonnaise semble avoir pris. C’est parti pour la première sortie d’indignation publique du monde de la Culture, armée de pancartes. «Tous ont droit au travail» ; «Nous exigeons le respect de notre secteur» ; «Recasement des artistes expulsés» ; «Annulation de la dette des artistes et des entreprises culturelles» ; «Nos enfants à l’école», «Pensez un peu à nos familles» ; «Un Sénégal pour tous» ; «Non à la discrimination», lit-on sur les plaques.
Il faut remarquer le retard, à défaut de parler d’absence notoire, des ténors de la musique sénégalaise. Alioune Mbaye Nder et Séka sauvent l’honneur. Ce dernier qui glisse de son boubou ouolof au tee-shirt, déplore d’ailleurs que les Mbalaxmen ne soient pas présents aux premières heures. «Nous n’avons que notre métier. Notre vie, celle de notre famille en dépend. Les Mbalaxmen devaient être plus nombreux, parce que c’est eux qui jouent dans les salles. Le recul de l’Etat montre qu’il reconnait nos droits», confie-t-il à la va-vite, pressé de rejoindre les rangs.
Emile DASYLVA