Le Pr Abdoulaye Bathily, historien, craint que l’histoire ne se répète au détriment du continent. Cela à travers l’entrée en vigueur de la Zlecaf, le mois prochain.
La zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) entre en vigueur le mois prochain. «Elle va entrer en vigueur et n’est discutée nulle part au niveau des populations, des pays. C’est des chefs d’Etat qui vont dans des réunions, décident de tout. Dans les parlements, il n’y a pas de débats, on ratifie simplement. Dans les opinions publiques, personne ne sait quels sont les contenus de ces documents sauf quelques initiés qui participent à des réunions. La Zlecaf, aujourd’hui, telle que c’est défini, si on n’y prend garde, ça va être simplement comme un nouveau partage de Berlin entre les grandes puissances, nos partenaires qui vont, chacun, trouver son nid dans cet accord entre pays africains. C’est une nouvelle forme de dépendance», analyse Abdoulaye Bathily, lors d’une conférence en ligne dans le cadre des «samedi de l’Economie» dans le cadre «60 ans après les indépendances quel bilan économique et social pour l’Afrique ?».
Pour lui, c’est une nouvelle «Conférence de Berlin», de manière silencieuse, qui se déroule, car, déplore-t-il, «nous n’avons aucune propriété sur ces partenariats. Ni l’Union africaine, ni aucun Etat africain. Ce sont les autres qui décident du contenu de ce partenariat». Ce qui lui fait dire qu’il faut une coalition africaine pour réfléchir sur ces questions et mener le combat pour mettre fin aux alliances défavorables.
D’autre part, s’agissant du bilan des indépendances, Abdoulaye Bathily estime que tout n’est pas négatif. Car, d’après lui, il y a eu l’entrée en scène des forces politiques, les avancées économiques. «Ce qu’on regrette, c’est un recul des mouvements depuis une décennie. Il y a nécessité d’aller vers la formation de nouvelles coalitions sur la base de lutte, parce que c’est l’unité de l’Afrique qui est en péril. Ces forces progressistes sont en déclin à cause des carriérismes qui ont pris le dessous ou le renoncement», déplore-t-il. «Il faut remettre en question le concept de développement à travers la culture pour remettre en cause le modèle par lequel nous sommes passés au cours des 60 ans», propose Maguèye Kassé, du département des langues germaniques à l’Ucad. De son côté, Ibrahima Séne, du Pit, appelle à revenir sur les accords monétaires économiques.
Emile DASYLVA