Le Bureau d’information gouvernementale (Big) qu’il a créé ne suffisant pas, le gouvernement envoie tous les 15 jours des ministres, triés sur le volet, devant la presse. Et, alors qu’on n’a pas fini d’ergoter sur l’efficacité et l’opportunité d’une telle mise en scène, voilà qu’on parle d’une task-force apériste de débateurs. Une tambouille qui, a priori, ne semble pas seulement destinée à calmer les grands cris de douleurs des populations.
Après le vaudeville de conférence de presse gouvernementale, voilà que l’Etat-Apr sort de son chapeau une task-force de débatteurs chargés d’attaquer les médias pour parasiter les messages que leur gouvernance envoie aux populations. Et tous les moyens, tous les coups, sont bons pour ces gourous. Quitte à acculer l’ancien maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, de négocier en douce avec leur patron, sans sortir les preuves.
Pourtant, les journalistes ne manquent pas de questions, toutes bêtes pour eux, à poser au gouvernement. Mais, quand l’équipe de Macky Sall veut cacher les vraies choses qui intéressent les Sénégalais comme des maladies honteuses, elle fait le mort. Pourtant, lorsqu’elle veut plastronner ses faits d’armes ou réalisations inachevées comme la réfection du building Mamadou Dia ou encore le Train express régional (Ter), ça déraille à grande vitesse dans les médias qui, malheureusement, jouent le jeu en laissant les communicants de l’Etat faire mousser les choses.
Ainsi, le système de Macky Sall veut ainsi ériger la Com’ en «méthode de gouvernement». Mais, seulement, sur fond de camouflage. Car, des sujets sur lesquels les journalistes cherchent la vérité ne manquent pas. Ils ne sont toujours pas édifiés sur le nombre de jeunes qui ont perdu la vie en mer pour tenter de rejoindre le vieux continent à la quête d’une vie meilleure. De même, ils ne savent pas quand prendra fin la pénurie d’eau. Ou encore quand est-ce que le supplice des populations rufisquoises sera terminé avec le démarrage du Train Express régional… inauguré en 2019.
Quid de l’affaire de l’immeuble du Sénégal à New-York ? Les Sénégalais aimeraient savoir sur quelle ligne budgétaire apparaît le fruit de la location. Quid de l’affaire des fonds russes du dopage dans le sport ? Quid des accusations de Cissé Lô sur l’argent de la drogue ? Quid de Mamour Diallo dans l’affaire des 94 milliards ? Quid du dossier de l’Ofnac qui a fait état de malversations financières, de détournements de deniers publics et d’octroi de subventions à des non ayants droit tout en établissant clairement la responsabilité du directeur du Coud, Cheikh Oumar Hann, devenu ministre entre-temps ? Quid des 29 milliards du Prodac ? Quid du Zircon, du dossier Necotrans, de celui d’Arcelor Mittal, de la renégociation de la licence de Tigo, devenue Free ? Quid de ces stupéfiantes affaires de drogue et de faux monnayage qui font clignoter la destination Sénégal et commencent à inquiéter sérieusement les Occidentaux, … ? Quid… ? Quid… ? Quid… ? Quid… ?
Et même si on veut remonter le temps, les Sénégalais ne sont pas encore édifiés sur la grosse polémique de l’époque entre Macky Sall et celui «qui a été son patron», pardon celui qui est devenu son subalterne, les Sénégalais ne sont pas encore édifiés sur les milliards de Taïwan, issus de la diplomatie du portefeuille sous Wade. Idrissa Seck avait exhumé ce dossier à la veille de l’élection présidentielle 2012 contre Macky Sall, alors Premier ministre d’Abdoulaye Wade sur ce sujet. Et pourtant, comme WalfQuotidien l’écrivait le 18 mars 2013 après le passage de l’ancien ministre de Wade, Thierno Lô à l’émission Opinion sur Walf Tv, un des ex-lieutenants d’Idrissa Seck, en l’occurrence Youssou Diagne, l’ancien président de l’Assemblée nationale et ancien ambassadeur du Sénégal à Taïwan, était au cœur de l’affaire. «Je demande à Macky de quel compte il a reçu cet argent et dans quel compte il a gardé l’argent qu’il a distribué à des ministères». Cette question d’Idrissa Seck reste jusqu’aujourd’hui en suspens. Et aujourd’hui qu’ils s’embrassent sur la bouche, ce magot est passé par pertes et profits.
Les Sénégalais attendent depuis trop longtemps des réponses et ne se voient jusqu’ici servir qu’une dégoutante tambouille de son personnel politique qui change de maillot à chaque situation, continuant de s’amuser avec leurs maigres ressources.
Les Sénégalais qui ne sont pas dupes savent très bien ce qui se cache derrière cette task-force de communicants : harmoniser les messages pour défendre le troisième mandat. Et c’est un patron de presse, qui a donné le la, la semaine dernière.
Seyni DIOP