Dans la nuit de lundi à mardi, les forces de l’ordre ont démantelé, sans ménagement, un nouveau campement de migrants installé dans le centre de Paris, place de la République. Les conditions de l’intervention policière soulèvent de nombreuses questions.
Plusieurs centaines de migrants, en errance depuis l’évacuation d’un important camp d’exilés la semaine dernière, ont monté lundi 23 novembre un nouveau campement dans le centre de Paris, que les forces de l’ordre ont démantelé sans ménagement dans la soirée en faisant notamment usage de gaz lacrymogène.
« On est là pour montrer qu’on n’a nulle part où aller. On ne veut pas vivre comme des animaux, on est juste venus demander l’asile », se désole Murtaza, un Afghan de 20 ans. En moins de deux minutes, environ 500 tentes bleues se sont déployées sous la statue de la République, vite investie par des centaines d’exilés, pour l’écrasante majorité originaires d’Afghanistan.
« On a peur qu’ils soient évacués sans solution, comme ce qui s’est passé mardi dernier » à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), lors du démantèlement d’un important campement informel qui s’était constitué depuis l’été près du Stade de France, a expliqué Maël de Marcellus, responsable parisien de l’association Utopia56. « Ils ont été laissés sur le carreau et invisibilisés, mais eux aussi ont besoin d’un hébergement, surtout en pleine crise sanitaire », a-t-il ajouté.
Une heure après l’installation
À peine une heure après l’installation, les forces de l’ordre ont commencé à enlever une partie des tentes, parfois avec des exilés encore à l’intérieur, sous les cris et huées de militants et de migrants.
Shahbuddin, Afghan de 34 ans, revisse un bonnet gris sur son crâne et sanglote après avoir été sorti de sa tente : « C’est trop violent, on veut juste un toit ».
Et c’est finalement sous les tirs de gaz lacrymogène et de grenades de désencerclement que quelques centaines d’exilés et leurs soutiens ont finalement été dispersés par les forces de l’ordre dans les rues de l’hypercentre de Paris. « L’État donne de lui-même un spectacle lamentable » en apportant « une réponse policière à une situation sociale », a commenté Ian Brossat, adjoint de la mairie de Paris en charge notamment de l’accueil des réfugiés.