Le «Collectif 480» (chiffre symbole pour estimer le nombre de jeunes sénégalais qui ont dernièrement perdu la vie sur le chemin de l’émigration via la mer, Ndlr) entend faire une procession silencieuse ce samedi à partir de 15 heures, de la place de la Nation au rond-point de la Rts.
Ils l’ont fait savoir, lors de leur conférence de presse d’hier à Dakar. Cette parade muette a pour but de s’indigner de «l’indifférence des autorités» après les pertes en vies humaines de Sénégalais dans les eaux. «C’est un drame national», qualifient d’emblée les membres du collectif composé par des organisations de la société civile. C’est donc pour dénoncer la passivité des autorités face à la tragédie humaine que cette marche va se tenir. Cela, pour marquer la désapprobation de la société civile. Qui, d’une pierre, va faire deux coups. Parce que des secteurs d’activités se sentant victimes prendront part au cortège silencieux.
Les organisateurs invitent les manifestants à s’habiller en noir pour marquer le deuil national en mémoire des disparus. «C’est aussi une manière de faire comprendre que ce n’est pas une manifestation politique, mais citoyenne», explique Aïda Niang, membre du collectif. Poursuivant, le collectif confie que c’est pour que les familles éplorées puissent «dormir tranquille».
La procession dénoncera aussi les autorités qui peinent à donner les chiffres des disparus. Le nombre varie incessamment entre 400 et 500… «La population n’a pas encore le chiffre exact de jeunes qui ont péri en mer. Il est important de savoir combien de jeunes nous avons perdus. Nous voulons que l’Etat fasse l’effort de communiquer, parce que c’est leur rôle d’informer la population et de leur donner la bonne. Mais surtout de dire les mesures envisagées pour freiner les pirogues. Ce sera donc une manifestation citoyenne, sans coloration politique. Elle visera à attirer l’attention de l’Etat et de sensibiliser les jeunes contre la migration périlleuse. Ce qui est visé à travers cette parade muette est d’alerter afin que les autorités trouvent une solution au drame en cours», ajoute Mme Niang.
Emile DASYLVA