Dépassant la trentaine, Pape NDOYE fait partie des centaines et des milliers de jeunes qui ont tenté de rejoindre l’Europe. Une manière pour lui d’améliorer sa situation qui s’est empirée au fil des années à cause des contrats de pêche léonins qui handicapent les petits pêcheurs.
Pour Pape NDOYE qui a tenté de rallier plusieurs fois l’Espagne (2006, 2011, 2012 et 2019), « si les jeunes bravent la mer via les pirogues pour aller en Europe, c’est parce qu’ils n’ont aucune perspective dans leur pays. On dirait que nous sommes dans un pays où ceux ou celles-là qui nous dirigent n’ont pas de politique d’emploi pour les jeunes. C’est ce qui justifie les départs massifs vers les côtes espagnoles ».
Malgré ses nombreux échecs et la périlleuse traversée qu’il a subie en tentant de rejoindre l’Europe, Pape NDOYE se dit prêt à retenter l’expérience si l’occasion se présente à nouveau. « J’ai plus de 30 ans. Si je vois tout de suite une pirogue et que l’occasion se présente, je vais repartir sans hésiter. Pourquoi je devrais rester ici. Rien ne me retient ici », assène le pêcheur dans les colonnes du quotidien Enquête.
La faute incombe au gouvernement qui, selon lui, n’a pas mis en place des politiques d’emploi adéquates pour dissuader les jeunes à partir. Se considérant déjà mort dans l’âme à cause du désespoir qui l’accable, il invite l’Etat du Sénégal à prendre ses responsabilités. « On entend tout dans ce pays. Moi, j’ai tenté de gagner l’Europe. Personne ne m’y a forcé. J’ai entrepris ce voyage avec beaucoup de mes camarades qui ne reviendront jamais. Ils sont morts lors de cette tentative de traversée de la Méditerranée. Nous vivons dans ce pays, nous l’aimons. Mais nous sommes désespérés, parce qu’on a l’impression que personne ne veut s’occuper de nous, parce que l’État ne crée pas les conditions pouvant nous permettre de gagner dignement et honnêtement notre vie dans ce pays. Je suis un jeune déjà mort à moitié. Parce qu’à mon âge, je devais fonder une famille et entretenir mes parents. Je ne peux pas continuer à vivre comme je vis actuellement », se résigne-t-il.
WALFNet