Prisonniers des eaux de pluie, des habitants des quartiers de Diamaguène-Sicap Mbao, dans la banlieue dakaroise, font avec leurs propres cotisations pour sortir de cette situation difficile.
Ici, on ne compte pas seulement sur les secours envoyés par les pouvoirs publics. Des quêtes sont organisées pour avoir de quoi acheter du carburant nécessaire à l’évacuation des eaux.
Pour accéder à sa demeure, au quartier Médina Fass Mbao, Khadim Top s’adonne à cet exercice presque tous les jours : marcher sur de grosses pierres posées le long du chemin qui jouxte le mur protégeant les rails du Train express Regional (TER).
Ce maçon âgé d’une quarantaine d’années vit cette situation depuis plusieurs années. Et à l’image de beaucoup de résidants de ce quartier, il a vu les eaux inonder la maison dans laquelle il vit avec sa famille.
’’Tout notre quartier est rempli d’eau à chaque fois qu’il pleut depuis plusieurs années. Avant l’eau s’arrêtait devant la maison, mais depuis quelques années, la situation est devenue difficile avec les eaux qui remontent à la surface’’, lance M. Top.
A Médina Fass Mbao, les jeunes du quartier ont sonné la mobilisation pour évacuer les eaux, appuyés par la municipalité.
“Nous avons reçu la visite du maire de la commune de Diamaguène Sicap Mbao qui nous a remis un bon d’essence afin de pouvoir pomper l’eau avec l’aide d’une motopompe”, explique Makane Wade, un habitant du quartier.
En plus de ce soutien, les habitants se sont cotisés pour financer les opérations de pompage.
“Chaque maison donne une somme selon ses moyens. Nous faisons aussi des quêtes en interpellant les passants dont les chauffeurs de clando”, confie Babacar Guèye.
A quelques mètres de la voie ferrée protégée par un mur démontable, sont posés des raccords de différentes couleurs. Au milieu des eaux, il y a une motopompe dont le bruit couvre les conversations.
Ce matin, des jeunes, munis de matériel, les bottes aux pieds, surveillent le travail entamé depuis quelques minutes. Il a fallu aux habitants de trouver un déversoir.
“Pour nous, le seul endroit où nous pouvons déverser les eaux est le canal du TER. Nous avons ainsi eu l’autorisation des responsables des travaux pour le faire”, explique Moussa Dieng.
Ils ont ainsi creusé sous ce mur démontable pour faire passer les raccords qui vont évacuer vers le canal.
En face se trouve la maison de Khadim Top. Juste à l’entrée, un gamin chaussé en bottes s’active pour sortir l’eau sous le regard de sa mère assise sur la devanture.
Dans cette maison, toutes les chambres sont inondées par les eaux de pluie et celles qui proviennent du sous-sol. “J’ai tout évacué avant de sortir ce matin, mais l’eau n’est pas revenue. Dans la chambre de mon frère, la situation est plus difficile encore”, explique Khadim.
Dans le voisinage, les maisons sont désertes depuis cette forte pluie qui n’a pas épargné l’école coranique.
Ceux qui ne peuvent pas se trouver un logement ailleurs sont restés et luttent au quotidien pour faire barrage à l’eau. “Durant la journée je suis seul à la maison avec mon épouse. Nous nous activons pour évacuer l’eau”, dit le vieux Ibrahima Diatta dont la maison se trouve en face du mur du TER.