Les colonels de la junte militaire au pouvoir au Mali se sont rendus à Perduase, au Ghana, pour assister à la réunion des chefs d’Etat de la Cédéao. Sans doute faut-il déceler dans ce déplacement deux messages symboliques lancés aux pays voisins et aux Maliens. Explications.
Alors que la junte vient de rencontrer à Accra hier, mardi 15 septembre, les chefs d’Etat des 14 autres pays de la Cédéao, elle a été sommée de désigner dans les meilleurs délais des dirigeants civils pour assurer la transition jusqu’à de prochaines élections. En contrepartie, la Cédéao laisse entrevoir une levée des sanctions dans les jours qui suivront ces nominations.
C’est ce qu’indique un communiqué publié à l’issue de la première réunion tenue sous la présidence de Nana Akufo Addo du Ghana, désigné, il y a une semaine, par ses pairs, pour assurer la présidence tournante de l’organisation ouest-africaine durant les 12 mois à venir.
Les chefs d’Etat ont demandé que les militaires retournent dans les casernes. En effet, la Cédéao exige que la junte soit dissoute dès que des civils auront été désignés pour assurer la transition. Signe qu’un mois après la prise du pouvoir par les militaires à Bamako, l’organisation ouest-africaine campe sur ses positions concernant le retour à l’ordre constitutionnel. Elle avait commencé par demander que le président Ibrahim Boubacar Keïta revienne au pouvoir, avant de réaliser qu’il s’agissait là d’une exigence impossible à satisfaire.
Néanmoins, les militaires de Kati peuvent s’estimer heureux que les pays voisins du Mali aient pris acte de la décision du Conseil national pour le salut du peuple (CNSP) d’accepter que la transition dure 18 mois au lieu des 12 exigés précédemment lors du sommet de Niamey tenu le 7 septembre courant.
Le fait que les militaires maliens aient pris l’initiative de faire le déplacement vers Peduase, à l’est du Ghana où s’est tenu ce sommet, révèle deux choses. La première est que la junte se sent suffisamment forte pour se rendre à l’étranger en étant sûre de revenir à Bamako. Par là même, les militaires indiquent à la fois aux Maliens et aux chefs d’Etat de la Cédéao qu’ils ont le contrôle de la situation et qu’il y a aujourd’hui un consensus au sein de l’armée pour qu’ils continuent à mener la transition. Reste à savoir si ce message sera entendu.
Par ailleurs, en prenant part à une réunion de chefs d’Etat de la Cédéao, le colonel Assimi Goita, chef du CNSP, se met déjà dans la position d’un président malien qui vient s’adresser à ses pairs de la sous-région. Evidemment, ce message est beaucoup plus difficile à faire passer, face à l’intransigeance des pays de la sous-région ouest-africaine concernant les sanctions imposées au Mali depuis le 20 août et qui prennent l’allure d’un embargo sur les échanges commerciaux et financiers.
Les colonels de la junte, avec à leur tête Assimi Goïta, avaient dans leurs valises une charte de transition qui propose une transition de 18 mois, un président civil ou militaire, un Premier ministre nommé par le président et un vice-président en charge des questions de sécurité.
Le360Afrique