Le report de la présidentielle n’est que la suite logique d’une longue série de violations de la loi et de prise de décisions souvent contraires à la loi.
La prorogation de l’élection présidentielle jusqu’au 15 décembre 2024 constitue la énième balafre portée aux institutions de la République par Macky Sall. De 2012 à 2024, le président de l’Apr a pris beaucoup de décisions qui violent la loi ou des subterfuges pour imposer des mesures impopulaires. En violation de la loi électorale, Macky Sall, alors maire de Fatick, avait voté sans sa pièce d’identité, lors des élections municipales et rurales du 12 mai 2002. Ce premier acte de l’ancien ministre des Mines, de l’Energie et de l’Hydraulique sous Wade est encore frais dans les mémoires. Cette violation de la loi a sans doute révélé le véritable visage de celui qui deviendra en 2012 le quatrième président de la République du Sénégal.
Au-delà de ça, Macky Sall a initié des projets de lois controversés adoptés en procédure d’urgence. Dans ce lot, figure la loi instaurant le parrainage citoyen pour tous les candidats à l’élection présidentielle, adoptée en avril 2018. Cette loi qui a été revue en 2023, suite à un dialogue national, est considérée par la cour de justice de la Cedeao comme une violation de l’égalité des candidats à la présidentielle. En effet, la justice communautaire qui avait été saisie par Me Abdoulaye Tine, avait estimé, le 28 avril 2021, que le parrainage était une entrave à la libre participation des candidats aux élections. Malgré tout, Macky Sall continue de l’appliquer.
L’adoption encore de deux projets de lois, en juin 2021, portant modification du code pénal et du code de procédure pénale, visant à renforcer la lutte contre le terrorisme mais surtout à criminaliser les manifestations politiques, avait également provoquée l’indignation des citoyens. Ces deux lois avaient été considérées comme une restriction de l’espace public car tous les manifestants qui ont été interpelés, après son adoption, sont poursuivis pour des actes criminels en rapport avec le terrorisme. Sans compter les arrestations arbitraires d’activistes, de leaders de l’opposition, en toute violation de la loi et du code de procédure pénal. Pourtant, Macky Sall avait déclaré, au palais de la République, lors du deuxième dialogue national, qu’il en avait fini avec «jucc jacc», les magouilles en wolof.
Salif KA