L’Angolais Carlos Manuel de São Vicente est un économiste et un homme d’affaires sans grand talent, mais qui fut étonnamment riche, à milliard. Jusqu’à ce que les autorités judiciaires suisses, alertées par une banque sur des transferts douteux, le soupçonnent de « blanchiment d’argent » et décident de geler près de 900 millions de dollars (753 millions d’euros) déposés sur sept comptes.
Une somme astronomique bloquée dans le cadre d’une procédure pénale ouverte en décembre 2018 et rendue publique fin août par le site d’information judiciaire suisse Gotham City.
Comme fondateur et PDG de la défunte compagnie d’assurances AAA Seguros SA, Carlos Manuel de São Vicente avait bénéficié des faveurs de l’ancien président José Eduardo dos Santos. Avec sa société, l’homme d’affaires angolais – qui possède aussi la nationalité portugaise – s’était vu octroyer en 2001 un monopole sur l’assurance et la réassurance dans le secteur du pétrole en Angola, le deuxième producteur d’Afrique subsaharienne.
La compagnie pétrolière nationale, Sonangol, a d’ailleurs été actionnaire minoritaire (10 %) de AAA Seguros SA dans laquelle elle a injecté des fonds avant que le marché lucratif de l’assurance pour le secteur de l’or noir ne soit confié à une société d’Etat. Malgré les difficultés, le groupe AAA s’était diversifié notamment dans l’hôtellerie, en signant en juillet 2015 un contrat de gestion avec le groupe français Accor Hotels.
Des opérations financières « suspectes »
Dans le même temps, Carlos Manuel de São Vicente a orchestré des opérations financières « suspectes », selon la justice genevoise. Celle-ci le soupçonne d’avoir, entre 2012 et 2018, « transféré vers la Suisse des fonds de la société AAA Seguros SA, appartenant pour partie à la société étatique Sonangol, sur son compte personnel ».
En septembre 2018, il a notamment effectué deux transferts d’un montant total de plus de 425 millions de dollars, dont la moitié a atterri sur son compte personnel ouvert à la Royal Bank of Canada, un établissement racheté trois ans plus tôt par la banque privée suisse Syz. Puis il a tenté de transférer intégralement ses centaines de millions de dollars vers un autre de ses comptes, à Singapour. Ce dernier a été « alimenté principalement par des transferts en provenance de AAA Seguros SA », notent les enquêteurs suisses.
Lire la suite ICI