Ça nous pendait au nez, c’est presque acté : le Sénégal fonce vers des vagues de licenciements dans le secteur du tourisme et de l’hôtellerie. Faute de clients, les hôtels ne peuvent plus tourner et les agences de voyage ne vendent plus de billets. Selon des sources sûres, de nombreux réceptifs vont bientôt annoncer la douloureuse nouvelle à leurs employés. Et cela va être le cas dans les autres entreprises puisque le secteur privé ne voit aucun plan de sortie de crise.
Macky Sall a beau inciter les entreprises à ne pas licencier de travailleurs dans ce contexte de pandémie de la Covid-19, des patrons vont, douloureusement, devoir se séparer de plusieurs travailleurs, dans le secteur touristique notamment. En effet, les échos qui nous arrivent du transversal secteur du tourisme et de l’hôtellerie annoncent des vagues de licenciements sous peu. Car, l’Etat a réussi à différer la sentence mais elle est inéluctable. Il nous revient avec insistance que les réceptions et autres agences de voyage ont beau tenir, mais les choses n’évoluent pas. Les hôtels sont vides et les agences n’arrivent pas à vendre suffisamment de billets d’avions pour survivre. Ou voir l’avion passer. Ce qui fait que ce secteur stratégique se trouve étranglé par les effets de cette crise sans précédent qui frappe l’activité. «C’est très inquiétant. On risque malheureusement d’arriver à ces situations regrettable pour tous», confesse Moustapha Kane, Secrétaire permanent du Syndicat patronal de l’industrie hôtelière au Sénégal(Spihs) joint par WalfQuotidien. Cela, dit-il, parce que même les hôtels qui continuent de fonctionner après la cascade de fermeture risquent de mettre la clé sous le paillasson, faute d’activité. «La situation est très difficile et même confuse au niveau international. Les gens n’arrivent pas à se retrouver. On ne sait pas comment les choses vont évoluer et personne ne veut prendre de risques, surtout les grands hôtels», dit-il.
30 mille F CFA pour des hôtels, le jeu de yoyo de Diouf Sarr
Pour éviter une telle situation, l’Etat devra voler au secours de ce secteur qui fait vivre plusieurs professions. Cela, en épongeant d’abord ses dettes dues aux entreprises hôtelières qui datent de longtemps. Il devra également, selon M. Kane, honorer les factures liées à l’hébergement des cas contacts des malades de la Covid-19. En effet, l’Etat reste devoir une une grosse ardoise aux hôteliers à côté du peu qu’il a déjà décaissé. Mais ce qui irrite les professionnels du tourisme est le jeu de yoyo du ministère de la Santé. Car, là où il est convenu entre l’Etat et les réceptifs devant accueillir les cas contacts des paiements journaliers de 50 mille francs Cfa par personne et par jour, les services du ministre de la Santé et de l4action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, sont en train, selon M. Kane, de raboter ce montant à 30 mille francs Cfa en forfait dans les régions intérieures alors qu’ils récupèrent des factures de 50 mille francs. Pis, l’administration traine les pieds dans les décisions, surtout au niveau fiscal. «On risque d’aller vers des contentieux sociaux très difficiles, puisque les licenciements c’est aussi de l’argent que les hôteliers n’ont pas», ajoute Moustapha Kane.
A ces problèmes, s’ajoute la réciprocité de la fermeture de l’espace aérien sénégalais aux vols européens. Une décision hasardeuse du ministre du Tourisme, Alioune Sarr, qui, sans doute avec l’accord de son patron, s’est lancé dans réciprocité de mauvais aloi contre l’Union européenne qui ne veut pas des ressortissants sénégalais dans son espace, Schengen. «Le segment Affaires des hôtels de Dakar est lié au développement des vols commerciaux. Rien que les équipages des compagnies aérienne, c’est une clientèle dont on prive les réceptifs», renchérit M. Kane. Non sans souligner que la prochaine saison touristique de l’hivers 2020/2021 qui se profile à l’horizon a vu le Sénégal est exclu des ventes après le report du salon TopResa à Novembre prochain. «Au niveau de toutes les destinations, les gens ont ouvert les ventes sauf pour le Sénégal, parce qu’il n’y a pas de visibilité. Et cela risque de fragiliser davantage la saison dans le segment loisir. Si on a aujourd’hui des problèmes avec le tourisme d’affaire et que le tourisme de loisir n’est pas ouvert, cela veut dire qu’il n’y aura pas de clients en 2021. Donc, la fermeture des hôtels», alerte Moustapha Kane.
Seyni DIOP