Un colonel de l’armée et un mécanicien ont une altercation sur un marché de Ndjamena. Un marché qui regroupe des centaines d’échoppes vendant des pièces détachées pour automobiles et autour duquel se sont greffés, au fil des années, des centaines de garages illégaux, mais tolérés. Depuis, l’affaire a pris des proportions démesurées et menace la paix civile, selon les autorités qui tentent d’éteindre l’incendie.
Lors de cette altercation, le 14 juillet, l’officier supérieur a tiré sur le mécanicien ainsi que sur un de ses collègues. Selon le procureur de la capitale, la foule en colère s’en est alors pris au colonel. Le jeune mécanicien a succombé à ses blessures, alors que l’officier tchadien a passé plusieurs jours dans le coma.
Suite à cette affaire, lundi, le maire de Ndjamena s’est rendu sur ce marché et dit avoir constaté la présence de « milliers de délinquants et de drogués ». Il leur a demandé de vider les lieux « immédiatement ».
Les forces de l’ordre sont ensuite venues le lendemain pour détruire une partie des hangars construits autour de ce marché et qui servaient d’abris notamment à des centaines de jeunes mécaniciens.
Pas d’opération de «déguerpissement forcé»
Depuis, le maire Oumar Boukar a tenté de calmer le jeu en assurant à RFI qu’il n’y aurait finalement pas d’opération de « déguerpissement forcé ».
Il faut savoir que la tension n’avait cessé de monter, alimentée surtout par des rumeurs propagées sur les réseaux sociaux, sur « d’horribles sévices » infligés aux sept suspects aux mains de la justice. « On se devait d’agir, on a été obligé de restreindre provisoirement l’accès à internet en vue d’endiguer ce flot de rumeurs pernicieuses », a justifié une source gouvernementale tchadienne.
Ce mercredi, le procureur de Ndjamena a dû organiser une conférence de presse pour démentir toutes ces accusations. Et pour prouver ses dires, il a amené séance tenante les journalistes à la maison d’arrêt d’Amsinené pour leur montrer que les sept prévenus étaient « bien portants ».
Néanmoins, de nombreuses voix dénoncent un énième assassinat à l’actif d’un haut gradé de l’armée, « parce qu’ils se croient au-dessus des lois ». Le procureur Youssouf Tom s’est voulu rassurant là aussi. « Le colonel incriminé est sous surveillance policière », il sera « inculpé pour meurtre et placé sous mandat de dépôt dès sa sortie d’hôpital », a-t-il promis.
RFI