Le Parti socialiste aura son propre candidat à la prochaine Présidentielle. L’assertion est du porte-parole de la formation verte. Invité, hier, de la matinale de Tfm, Wilane en a manifesté d’autres désaccords avec son puissant allié.
Pour la prochaine présidentielle, le Parti socialiste ne compte pas jouer les poissons-pilotes, si l’on en croit son porte-parole, Abdoulaye Wilane qui était, hier, invité de la matinale de Tfm. Un affranchissement pour ce parti qui, en 2019, s’était aligné derrière Macky Sall, au risque de s’aliéner plusieurs de ses cadres qui ont préféré déménager de la maison du père. Ainsi en a-t-il été le cas de Khalifa Sall dont les divergences de fond avec la direction du Ps avaient atteint un niveau tel que lui et d’autres de ses camarades comme Barthélémy Dias, Moussa Taye et autres avaient pris leur courage à deux mains pour se dresser contre Tanor et son groupe, payant au prix fort ce casus belli. Si Khalifa Sall, dans une affaire connexe, avait perdu liberté (prison ferme), mandats électifs (mairie de Dakar, député) et la possibilité de briguer la Présidence de la République (parrainage), ses principaux lieutenants que sont Bamba Fall, maire de la Médina, et Barthélémy Dias, maire de Sacré-Cœur-Mermoz avaient goûté aux affres du cachot. Quant à Aïssata Tall Sall, après avoir gelé ses activités au sein du parti, elle en fut, comme les autres, exclue. Ce qui la poussera à oser l’avenir ailleurs que chez les «Verts». Seulement son solo ne fut que de courte durée, se retrouvant, elle-même, dans le rang des souteneurs du candidat Macky Sall comme…le Ps. Reste à savoir si le candidat dont parle Wilane sera…celui de l’Apr et de Benno bokk yakaar.
Sur les institutions, le maire de Kaffrine a manifesté son opposition à la suppression du poste de Premier ministre. «A sa place (Macky Sall, Ndlr), je ne l’aurais pas fait», a-t-il martelé. Rappelons que la formation de Wilane a expérimenté toutes les formules. Entre 1960 et 1962, son fondateur avait instauré un régime parlementaire avec un Président du conseil, en la personne de Mamadou Dia, détenant l’essentiel des pouvoirs et un président de la République réduit à inaugurer les chrysanthèmes. A la faveur d’une crise au sommet qui l’opposa à son binôme, Senghor réforme les institutions, supprime le poste de Premier ministre et renforce ses propres pouvoirs. Ce, jusqu’en 1970 où, sentant la nécessité d’ouvrir les vannes et de donner un nouveau souffle à son pouvoir, le Président de l’époque restaure le poste de Premier ministre et y nomme Abdou Diouf qui le remplaça en 1981 par la vertu de l’article 35. Conforté dans sa légitimité contestée par les hiérarques du parti, Diouf singe son prédécesseur et supprime le poste. Mais, c’est pour le restaurer en 1991. De cette année à la perte du pouvoir, en 2000, il s’en accommoda, quitte à lui créer, dans les flancs, un double doté de super pouvoirs. Ce fut le cas de Jean Collin, mais également, celui de Ousmane Tanor Dieng. Ce dernier, en tant que ministre d’Etat, ministre des Services et Affaires présidentiels, concentrait entre ses mains les compétences du directeur de cabinet du président de la République et de Secrétaire général de la Présidence. Ce qui en faisait, à la fois, un rouage incontournable pour qui veut traiter avec le chef de l’Etat mais aussi une personnalité crainte et influente faisant ombrage aux premiers ministres. De tout cela, Wilane, malgré son relatif jeune âge, est conscient. Sans compter que, depuis quelques temps, des critiques acerbes sont faites à l’endroit du président de la République dont la volonté de concentration des pouvoirs s’est muée en une véritable atonie avec des projets et programmes au ralenti ou carrément à l’arrêt du fait que les exécutants éprouvent toutes les difficultés pour accéder au chef afin de lui rendre compte des goulots d’étranglement et recueillir les avis correctifs.
Enfin, l’autre point sur lequel le porte-parole du Ps affirme son désaccord avec Macky Sall, c’est celui de la suppression du Sénat. Création d’Abdou Diouf, la deuxième chambre avait été supprimée par son successeur qui le ressuscitera en 2007 pour y porter Pape Diouf pendant que Macky Sall le remplace au perchoir. Elu président de la République, ce dernier le supprime à son tour. C’est cette institution dont la vie a été de tout temps tributaire des humeurs des dirigeants que Wilane veut voir ressuscitée.
Ibrahima ANNE