Le manque d’eau est devenu récurrent à Dakar. Le liquide précieux est une denrée rare. Dans certains quartiers comme les Parcelles assainies et environs, depuis quelques jours, aucune goutte d’eau ne coule des robinets. Aussi la Covid-19 a rendu cette situation plus que complexe parce que dans les maisons qui en disposent, on est méfiant.
Parcelles assainies, dans les unités 24 ; 25 ; 26 et Diamalaye, depuis quelques jours, l’eau ne coule pas, ou très peu, des robinets dans ces quartiers. Munie de ses bouteilles vides, Aissatou, la trentaine dépassée, habillée d’une robe moulante, est venue chercher le liquide précieux dans une maison qui fait partie des rares concessions dont le robinet coule encore. Cette dame, accompagnée de sa petite sœur, ne se fait pas prier pour crier son mal-vivre. «Cela fait presque une semaine que les robinets de notre maison ne coulent plus. Pas une seule goutte», renseigne-telle. Une situation rendue davantage compliquée par la Covid-19. Laquelle, malgré la levée de certaines restrictions, continue de faire des victimes. Tout cela combiné avec la forte chaleur qui sévit à Dakar et sa banlieue. «Avec la Covid-19, c’est très difficile de faire le tour des maisons. Les propriétaires sont méfiants. Pour ceux qui en disposent, ce n’est pas tout le monde qui accepte qu’on entre, sauf ceux avec qui vous avez une certaine affinité. Ils ont raison quelque part parce qu’ils ne savent pas qui est contaminé et qui ne l’est pas. Le virus circule partout à Dakar, aucun quartier n’est épargné», affirme cette dame. Non sans jeter l’anathème sur la société en charge de la gestion, de l’exploitation et de la distribution de l’eau. La remplaçante de la Sde est pointée du doigt. «Les gens disaient qu’avec cette nouvelle société, il y aurait de l’eau en qualité et en quantité. C’est faux ! On n’a noté aucune amélioration. Pour moi, Sen’Eau est pire que la Sde. L’exception est devenue la règle dans beaucoup de quartiers. Maintenant, disposer de l’eau en suffisance est devenu rare. On n’en peut plus avec la persistance de ces coupures d’eau qui sont devenues le quotidien des dakarois et autres habitants des environs», peste-t-on.
A Diamalaye, devant une maisonnette, un groupe de personnes d’âge et de sexe différents s’affairent autour d’une pompe. Amdy, physique de basketteur, accompagne ses sœurs à la recherche du liquide précieux. Il suit le rang. Porte-parole auto-désigné de la famille, il dit vivre un casse-tête depuis une semaine. D’après lui, cela ne peut pas continuer. «Nous ne sommes pas nantis pour acheter de l’eau minérale pour faire nos besoins (ménage et toilette) et pour boire. C’est difficile et nous sommes dans un contexte où c’est très gênant d’en chercher chez des inconnus. Les personnes sont méfiantes», affirme-t-il. A ses côtés, sa sœur, Aminatou, affirme vivre un calvaire. «L’eau est importante. On fait tout avec. Outre les besoin vitaux, il y a l’hygiène. Avec cette période de canicule, en manquer devient, à la longue, éprouvant. Parce qu’on doit laver les toilettes quotidiennement. Aussi, avec la chaleur, tu es obligé de prendre le bain au moins deux fois la journée. Ce qui n’est pas possible si on n’a pas d’eau. A moins de veiller de très longues heures pendant la nuit pour avoir une petite quantité qui, du reste, ne suffit pas toujours», se lamente-t-elle. Devant ce point d’eau, une autre dame d’un âge mûr, mère Nogaye Diop, foulard bien noué à la tête, indique que depuis qu’elle a repéré cette maison, elle se pointe dès les premières heures de la matinée. «Je viens pour chercher de quoi préparer le repas. Pour le bain, on est obligé de le différer. On souffre terriblement avec ces coupures récurrentes. Auparavant, l’eau revenait tard dans la nuit. Même si elle coulait lentement, on se satisfaisait de cela mais celle n’existe plus. Les robinets sont à sec de manière permanente pendant une semaine», peste-t-elle.
Mamadou GACKO