Chronique de WATHIE
Une actualité en chasse une autre et le plus important des sujets passe inaperçu. Comme si Macky SALL avait guetté l’arrivée du Coronavirus au Sénégal pour déclencher la spirale des scandales qui s’enchainent, arpentant les sillons d’inquiétudes laissés par le virus. En trois mois, lui et ses sbires ont creusé un gouffre beaucoup plus abyssal que celui dans lequel ils avaient déjà précipité la démocratie sénégalaise. Et c’est le leader de l’APR, lui-même, qui instigue toutes ces forfaitures, s’il ne les exécute pas directement. Ainsi jauge-t-il la capacité d’absorption de scandales des Sénégalais, pour ainsi connaitre les poches de résistance et, en définitive, tutoyer le sommet de la trahison.
Cette semaine aura été marquée par les sorties très commentées de deux journalistes dont les prises de parole antérieures justifiaient plus qu’elles n’expliquaient les coups fourrés de Macky SALL. Guère avares en « révélations », ils ont balancé d’énormes pierres dans le jardin qu’ils arpentaient il n’y a pas longtemps et qu’ils vont, à n’en pas douter, refouler. S’ils ont été si amplement relayés, ce n’est pas seulement parce qu’ils ont changé de disque. La révélation des discussions auxquelles ils ont pris part a davantage intéressé les Sénégalais qui pensaient avoir déjà vidé la coupe de calice. Leur sérénade n’est, en réalité, qu’une note de la lugubre symphonie composée et arrangée par le leader de l’APR.
Avant nos deux chanteurs de cabaret qui ont accentué la polémique autour du partage de ce qui reste des terres de Dakar, il était question de Mansour FAYE qui s’est aidé avec l’aliment acquis grâce à la cotisation des Sénégalais. Occupant la presse, la controverse SENELEC-Akilée est venue essuyer les torrents de sueurs qui ruisselaient sur la calvitie du « goro » (beau-frère) du leader de l’APR. La bataille médiatique entre ces deux protagonistes bardés de fric laissait peu de place à l’analyse des mauvaises stratégies déployées par le Pouvoir pour venir à bout de l’épidémie. Le tumulte ne s’était pas estompé quand fit surface le décret accordant monts et merveilles aux anciens présidents Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE). Comme si la coupe n’était qu’à moitié, laissant derrière lui des détenus gravement plus malades que lui, Seydina FALL Boughazelli piétinait la justice sénégalaise pour se recouvrer sa liberté qui servait les intérêts de Macky SALL.
Tous ces malheureux faits d’armes, c’est le président SALL qui les a instigués durant cette « guerre » fictive qu’il a déclarée. C’est avec sa bénédiction que le contrat SENELEC-Akilée, qui n’aurait jamais dû exister, est exhibé sur les plateaux de télévision. La SENELEC, loin d’être une succursale libanaise, est une société publique dont le Directeur général est nommé par le chef de l’Etat. Une banalité à répéter pour rappeler que ce combat, c’est Macky SALL qui est le promoteur, le sponsor et le premier spectateur. Tout comme c’est lui qui a décidé de confier à son beau-frère l’acquisition et la distribution de l’aide alimentaire. Que dire du décret 2020-964 estampillé « faux » par la Cellule de Communication de la présidence de la République ? Abdoulatif COULIBALY n’avait pas fini de démentir quand vint le confirmer le décret N°2020-976 accordant à Aminata TALL le statut de Président Honoraire du CESE. Une fuite voulue et organisée par le pouvoir. C’est le même Macky SALL qui n’a rien à faire du ressenti des Sénégalais qui a procédé, pendant qu’il est question de guerre contre le Coronavirus, aux nominations du commissaire Arona SY, de Moussa SY, d’Abdou FALL entre autres. Le bradage des terres de Dakar et non de son littoral uniquement, est une autre note, une suite de la litanie funeste du régime. Que des proches du pouvoir l’entonnent est la particularité.
On en est arrivé là. Macky SALL a, sans doute, trouvé la contestation de sa réélection beaucoup trop insipide qu’il se débrouille pour renforcer l’opposition en plus de donner des arguments à ses détracteurs. N’est-ce pas lui qui révélait que : « De 2012 à maintenant, nous avons dépensé plus de 307 milliards CFA pour l’achat de véhicules» ? C’était en aout 2019, quelques mois après sa prestation de serment. « Si je ne le dis pas ou ne le fait dire, ce n’est pas l’opposition qui le fera encore moins la presse », semble se dire le leader de l’ARP qui jauge ainsi la capacité d’absorption de scandales des Sénégalais.
Macky SALL n’a pas encore démontré qu’il fait pire que son mentor WADE. Son « wakh wakhèt » (reniement) à propos du mandat de cinq ans et son frère qu’il a noyé dans le pétrole sénégalais ne suffisent pas pour dépasser l’ancien président de la République. Il lui faut également enchainer les scandales les uns plus scabreux que les autres. En plus de situer d’où viennent les contestations pour mieux les contrer, Macky se prépare et prépare les Sénégalais à l’ultime reniement.
Mame Birame WATHIE