L’affaire remonte à fin 2019, lorsqu’Alex, un policier noir d’une unité de Rouen découvre un groupe de messages audio de ses collègues sur WhatsApp, la plupart à caractère racistes et antisémites.
Alors que le préfet de police de Paris, Didier Lallement, a fait part de son soutien aux policiers face aux «accusations de violence et de racisme», dans un contexte marqué par la mort de George Floyd aux Etats-Unis et la manifestation interdite contre les violences policières à Paris mardi, une enquête de Mediapart et un documentaire audio d’Arte radio, à propos d’une affaire qui a eu lieu fin 2019, rappellent que le fléau est loin d’être réglé dans les rangs des forces de l’ordre.
Dans son enquête, Mediapart revient donc ce jeudi sur une affaire survenue en fin d’année dernière à Rouen : Alex, un policier noir de l’Unité d’assistance administrative et judiciaire (UAAJ), dénonçait ses collègues après avoir découvert un groupe WhatsApp dans lequel ils s’échangeaient des messages racistes, sexistes, antisémites. Des extraits de ces conversations, assez insoutenables, sont à écouter dans un podcast d’Arte Radio.
Revendications fascistes et suprémacistes
«Bougnoules», «nègres», «fils de pute de juifs» sont notamment utilisés au sein du groupe de conversation privée, qui comprend une dizaine de membres, des coéquipiers d’Alex. Comme le précise le documentaire d’Arte, «certains sont encore stagiaires en école de police, d’autres, comme lui, sont policiers titulaires depuis plus de vingt ans». Parmi eux, plusieurs n’hésitent pas à se revendiquer du fascisme et du suprémacisme blanc. Une source judiciaire citée par Paris Normandie, qui a sorti l’affaire cet hiver, fait part d’autres propos : «C’est du type : “arabo-négroïde”, une blanche qui fréquente un noir se voit qualifiée de “pute à nègre” – une insulte acronymisée en PAN –, “un Noir ne fera jamais du aussi bon boulot qu’un Blanc”…»
De quoi motiver Alex – sur les conseils de son avocate – à déposer plainte. Selon Normandie Actu, la plainte, déposée fin décembre contre six de ses collègues policiers, a pour motif les «injures à caractère racial non publiques», «l’incitation à la haine non publique» et «diffamation non publique». Plainte qui découle par la suite sur une enquête interne, laquelle est toujours en cours. C’est l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) qui a été saisie, «du chef de diverses infractions, notamment diffamation non publique aggravée et provocation non publique à la discrimination», indiquait en janvier le procureur de la République de Rouen, Pascal Prache. Suite à son audition, la hiérarchie a décidé de muter Alex dans une autre unité. Cinq mois plus tard, les policiers en question sont toujours en poste, en attendant leur passage en conseil de discipline, écrit Mediapart.
Liberation.fr