La volte-face in extremis de l’Etat qui a reporté la reprise des cours traduit l’irresponsabilité des autorités. Telle est la position de la société civile, par les voix de Aar Li Nu Bokk et Nio Lank.
Les autorités ont finalement reculé, tard dans la soirée d’avant-hier, veille de la reprise des cours pour les classes d’examen. Mais pour Aar Li Nu Bokk et Nio Lank, cela est le résultat d’un manque de sérieux dans la prise de décision. «Aucune mesure sérieuse et pérenne d’accompagnement, n’a été prise, mettant ainsi en danger la santé, voire la vie des élèves et des enseignants ainsi que celle des parents et des populations qu’ils vont retrouver dans les différentes localités. Le report de cette rentrée ne fait que confirmer notre analyse de la situation», a confié Fatou Blondin Diop, porte-parole du jour. C’était au cours d’un face à face avec les journalistes, hier, au siège du Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine (Frapp).
Poursuivant, les activistes mettent les autorités en face des conséquences de leurs décisions qui ont entrainé un flot d’enseignants et d’élèves, d’aller se déverser dans les régions alors que la contamination continue de faire rage. En cela, la société civile prévient : «Les enseignants ayant rejoint leurs postes de travail, Nio Lank et Aar Li Nu Bokk tiendront le président Macky Sall pour responsable de tout ce qui résultera de cette mesure irresponsable qui pourrait s’avérer être une arme de diffusion et de propagation massive de la maladie à Covid-19».
Les deux entités de la société civile n’ont pas, par ailleurs, manqué de s’exprimer sur d’autres questions liées à l’actualité. Il réitère la demande de liberté pour leur camarade Abdou Karim Guèye, emprisonné pour avoir exigé la réouverture des lieux de culte qui, d’ailleurs, ont été finalement rouvert, mais M. Guèye moisit toujours au cachot. Ils ont, en outre, dénoncé la répression sur les populations de Cap-Skiring qui ont organisé une manifestation de la soif, violemment réprimée. «Nous dénonçons cette répression et exigeons qu’une enquête soit menée dans les meilleurs délais et que les conditions d’accès à l’eau soit réunies pour les populations en cette période de Covid-19», plaident-ils.
Cela n’empêche pas d’avoir un cri du cœur pour les forces de l’ordre, mobilisés dans le cadre de l’Etat d’urgence pour prévenir les risques de contamination. «Aar Li Nu Bokk et Nio Lank se désole des 7 100 francs Cfa qui leur ont été donnés», estiment-ils, non sans demander aux forces de sécurité d’arrêter de violenter les populations verbalement, psychologiquement, physiquement. Sur la polémique autour d’un décret sur l’honorariat, la société civile, par la voix de Fatou Blondin Diop, veut voir on ne peut plus clair. «Nous avons été surpris de voir dans la presse un débat sur l’institution d’un honorariat en espèces sonnantes et trébuchantes des anciens présidents du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Il n’y a pas assez d’argent pour le personnel soignant et le peuple mais il y en aurait pour la clientèle politique du président de la République», établissent-ils.
Dans tous les cas, ils veulent comme bon nombre de Sénégalais être édifiés sur cette affaire de décret sur l’honorariat, parce que la société civile entend prendre à bras le corps cette question qu’elle qualifie de «énième forfaiture faite au peuple». Sur une dernière note, les plateformes veulent la fin de l’Etat d’urgence qui, selon elles, confine les libertés démocratiques. A les en croire, cet Etat d’urgence devient en réalité un instrument pour empêcher les populations et des plateformes de se mobiliser.
Emile DASYLVA