Dans son nouvel ouvrage intitulé «Les chroniques d’un éternel indigné», Papa Makhtar Diallo consacre une partie de son livre en hommage à Sidy Lamine Niass. Le chroniqueur n’a pas aussi manqué de s’indigner des tares de sa société sénégalaise.
«Les chroniques d’un éternel indigné» du chroniqueur Papa Makhtar Diallo est un condensé de textes publiés sur internet et dans la presse sénégalaise. Un extrait du livre de neuf chapitres rend hommage à Sidy Lamine Niass. Dans le premier chapitre intitulé «Mes hommages», il adresse ceci: «O frère musulman, Serigne Sidy Lamine Niasse, reposez en paix!» (Page 21). Parti de zéro pour devenir héros, le défunt mollah du Front de terre, selon lui, est un exemple de réussite malgré les contraintes. Ce qui marque, d’après l’auteur, c’est la tragédie de la vie. «Tout peut arriver : un malaise, une maladie, un accident… Et le vide!», dit l’écrivain. Ce mal l’est encore quand «la vie démarre par nos larmes et se termine par celles de nos proches!». En réalité, Papa Makhtar Diallo nous ramène à nous-mêmes, dans notre fragilité d’être croyants, avoir le monde à nos pieds. Tout passe avec le temps. «Je n’ai pas les mots pour qualifier un parcours aussi méritant. J’ai lu au fond de son brillant parcours ce que signifiait le mot ‘combattant’. Il a su rester debout, malgré les contraintes. Il est allé jusqu’au bout, la tête haute, sans complainte. Il a traversé tout seul l’orage. Et nous l’admirions pour son courage», témoigne l’auteur qui précise que Sidy Lamine Niass était «un homme véridique et extrêmement généreux». «Juriste, enseignant, journaliste, auteur, il est également le fondateur et président directeur général du groupe Wal Fadjri. Trente cinq ans au service de la communication, Sidy est tout simplement un homme hors-pair. Tous les témoignages sont unanimes : il est au-dessus de l’ordinaire. Malheureusement il est parti sans même nous dire ‘au revoir’. Alors rendons-lui un hommage par devoir. Même si notre hommage ne sera pas suffisant», lit-on dans l’ouvrage.
Papa Makhtar Diallo est en outre plus connu du paysage médiatique sénégalais à travers l’écran. «J’ai voulu atteindre davantage de lecteurs. C’est ce qui m’a motivé à rédiger cet ouvrage», révèle-t-il dans la conclusion (Page 256). Dans son résumé, en quart de page, il écrit : «Ce livre, ce sont les chroniques d’un activiste, citoyen indigné sur la vie politique, la gestion des ressources publiques, les rapports entre le religieux et le politique, le sport, l’éducation, etc. Il rassemble des articles publiés sur la page Facebook de l’auteur. Une occasion de plus pour l’auteur de s’exprimer et de faire entendre son propos sur des questions qui nous interpellent tous».
Publié en avril 2020 par Harmattan Sénégal, le livre de 280 pages comporte une préface de Bougane Guèye Dany, d’une introduction générale. Il y a une conclusion, une postface de Cheikh Mbow, directeur exécutif de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’école publique (Cosydep), une annexe avec des illustrations, suivi d’un appendice, d’un épilogue.
Politique, économie, social…
Préfacier de l’ouvrage, le journaliste Bougane Gueye Dany fait flairer l’essence du livre de Papa Makhtar Diallo et en révèle les enjeux. «Il (l’auteur) n’enfonce ni un régime, ni un homme. Il s’attaque à un système (…)», dit-il avant de poursuivre que le chroniqueur étale un almanach de scandales politiques, sociaux, économiques, juridiques décriés au cours de cette vraie-fausse tumultueuse année 2019 qui est derrière nous à présent. Mais, ressaisit-il, «2024 est devant nous, et 2023 n’est pas loin. Des années charnières qu’il convient d’anticiper et d’appréhender à temps pour les raisons que l’on connaît, selon le préfacier» (page 12).
D’autres thèmes trouvent leurs échos dans le contexte de crise sanitaire. Ainsi l’auteur ne manque-t-il pas d’égratigner la sensibilité des Sénégalais sur un mal persistant de l’incivisme, de l’indiscipline. «Tout le monde se sent en droit de faire dans la pagaille, la bagarre, la tension, l’indiscipline, le désordre, et le tout s’appelle incivisme. Il est donc temps qu’on se dise : ‘ne faisons plus comme bon nous semble ou comme on le veut’», écrit-il (page 51). L’auteur n’aura pas, par ailleurs, fini de cracher son amertume de certains maux qui gangrènent sa société. Ce qu’il démontre à travers différents textes compilés dans les neuf chapitres et qui touchent divers thèmes en rapport avec les actualités sénégalaises qui ont marqué l’ère Macky Sall.
…Et peint le tableau du Sénégal sous Macky
Il s’agit de la présidentielle de 2019, la visite d’Edouard Philippe, la Can des «Lions» du football, des grosses affaires judiciaires sur le pétrole et gaz sénégalais, des crises laïco-religieuses au Sénégal, des feuilletons politico-judiciaires avec un focus sur le cas Khalifa Sall, des questions sociales comme celles des talibés dans les rues…. En un mot, Papa Makhtar Diallo offre un tableau du Sénégal sous Macky Sall. Ainsi le dit-il mieux dans la première phrase de la conclusion à la page 255. «Ce livre n’est pas un roman 2.0, mais une photographie de la réalité vécue au Sénégal, pour figer l’événement dans du cristal».
Dans la postface, Cheikh Mbow, directeur exécutif de la Cosydep, décrypte une démonstration de l’inversion des sens qui fait que la société sénégalaise n’est pas digne de ses actes. «Le livre dénonce l’inversion des sens qui caractérise la société sénégalaise….il exprime de façon nette la vie et les pulsions d’une société dans laquelle tout est sens dessus dessous ou les seules valeurs restent l’individu et l’argent», souligne-t-il à la Page 259. Pour friser la préoccupation de l’auteur sur la question de l’incivisme de l’indiscipline, Cheikh Mbow écrit ceci: «il est venu le temps d’ouvrir les yeux, de soumettre l’individu à la discipline de l’éducation» (page 260).
Emile DASYLVA