Le nouveau coronavirus continue sa progression au sein de la population. Et les enfants ne sont pas épargnés par cette pandémie. Selon Pr Ousmane Ndiaye, chef de service pédiatrie de l’hôpital Albert Royer de Fann et président de la Société sénégalaise de pédiatrie, 234 petits atteints de Covid-19 sont pris en charge dans les services de pédiatrie.
Les chiffres font froid dans le dos. Selon les dernières statistiques, au Sénégal, 15 % des patients qui souffrent de Covid-19 sont des enfants. Chef de service pédiatrie de l’hôpital Albert Royer et président de la Société sénégalaise de pédiatrie, Pr Ousmane Ndiaye soutient que dans les services de pédiatrie «nous avons recensés 234 enfants dans nos unités de traitement de Covid-19. Et nous avons une tranche d’âge de 0 à 14 ans qui est plus ou moins touchée avec une prévalence très forte entre l’intervalle de 5 à 14 ans». Mieux, constate le spécialiste, dans notre pays tous les enfants qui ont été testés positifs sont asymptomatiques.
Toutefois, souligne-t-il, à leur niveau, heureusement, aucun cas de décès n’a été noté. Mais cela ne veut pas dire, déclare-t-il, que le pays doit dormir sur ses lauriers. Car, il faut accentuer la prévention, par l’application des gestes barrières, la distanciation physique, le port de masque, etc. Le pédiatre qui prenait part, hier, à une visioconférence dont le thème portait sur : «Covid-19 : défis pour la survie de l’enfant en Afrique» a évoqué également l’impact de la pandémie sur la vaccination. Sur ce, il note au Sénégal, au premier semestre 2020, pour tous les antigènes du Programme élargi de vaccination (Pev), une baisse progressive importante. S’agissant du vaccin contre le papillomavirus, le taux de couverture vaccinale est passé de 104 % à 82 %. Une situation qui impacte négativement, à l’en croire, sur le système de prévention et augmente le risque d’apparition d’épidémies. «Au niveau des consultations dans nos services, selon les données de notre système d’information médicale, à l’hôpital d’Enfants Albert Royer, nous avons une baisse extrêmement importante des consultations au cours du premier trimestre de la pandémie. Nous avons une réduction de 33 %. Pour les hospitalisations, nous avons certes un solde positif, mais, il y a à ce niveau, aussi une baisse progressive des activités. Pour le mois de mars 2020, comparé à mars 2019, nous avons une baisse de 11 %. Et si l’épidémie perdure au Sénégal, nous aurons une augmentation de la baisse encore qui va impacter sur les recettes et plomber les possibilités de paiement des salaires», craigne Pr Ousmane Ndiaye.
En ce qui concerne l’épidémiologie de la pandémie du Covid-19 en Afrique, ce dernier estime que le continent est plus ou moins épargné mais cela ne veut pas dire qu’il n’a pas de cas positifs de Covid-19. Au niveau mondial, il existe plus de 4 millions de cas positifs de coronavirus et en Afrique 72 mille cas. Ce qui est relativement faible comparé au taux qui est affiché aux Etats-Unis. En Afrique les taux de létalité sont les plus faibles comparativement à la France et de l’Italie où on note un taux de létalité de 14 % et 15 %. Dans les pays africains francophones, Sénégal et le Cameroun enregistrent les plus grands nombres de cas recensés en valeur absolue. Mais ces données rapportées à la population globale et comparées aux autres pays, ce sont des valeurs relativement faibles.
«Mais toujours est-il, que nous constatons de plus en plus une augmentation des cas de Covid-19 dans nos pays et il faut, aujourd’hui, faire face à cette augmentation croissante», alerte-t-il. Sur le plan socio-économique, Pr Ndiaye indique que les Pib de tous pays touchés vont baisser également de façon drastique. A cet effet, le système sanitaire ne sortira pas indemne. Car, les infrastructures sanitaires vont être saturées, le personnel de santé débordé, démoralisé et stigmatisé. Conséquences : une baisse importante des activités normales de routine. Au plan éducatif, 30 millions d’enfants n’ont plus accès à l’école et 420 mille enseignants sont actuellement privés d’écoles.
Samba BARRY