Partis poursuivre leurs études supérieures à l’étranger, les étudiants sénégalais traversent les moments les plus sombres de leur existence. Ceux d’entre eux basés en Russie se trouvent bloqués par le Covid-19. Ils sont confinés pendant presque deux mois dans des conditions peu enviables. «Depuis l’annonce du Covid-19 en Europe, nous ne pouvons plus vaquer à nos occupations. Nous traversons des moments très difficiles. La Russie est un pays où il n’est plus permis aux étudiants étrangers de travailler. Nous ne pouvons plus rien faire. Nous invitons nos familles respectives basées au Sénégal à nous assister. Nous lançons également un appel à l’Etat du Sénégal. Nous souffrons», confie Malick Sabaly, étudiant en première année. Selon qui bon nombre de ses camarades sont confinés dans des campus sociaux de leurs universités.
Même son de cloche chez Aliou Badji qui vit dans la ville de Dalifort-Forail et étudie dans l’université éponyme. Ce dernier se dit ne plus comprendre ce que lui et ses compatriotes sont en train de vivre. D’autant plus que, dit-il, la vie en Russie n’est pas du tout repos. S’y ajoute cette situation imposée par le Covid-19. Devant ce calvaire quotidien, les concernés sollicitent l’appui du gouvernement sénégalais. «Ce sont nos parents qui nous envoyaient de l’argent pour survivre bien avant même cette situation. Actuellement, toutes les plateformes de transfert d’argent sont impactées. Il n’y a pas de travail étudiants en Russie», pleure-t-il. Confinés à un sort qu’ils ne soupçonnaient jusqu’alors, cet interlocuteur meurtri lâche désespérément cet appel au secours : «Même si ce n’est pas le gouvernement qui nous a envoyés ici, nous avons droits aux aides destinées aux Sénégalais de l’extérieur touchés par le Covid-19. Nous sommes venus de nos propres moyens. Qu’on nous aide».
«Nous ne sentons pas le soutien de l’Etat du Sénégal»
D’après Aliou Diop, toutes leurs activités sont contrôlées. Et ils n’ont que quelques heures de sorties, juste pour effectuer des achats essentiels. «Nous vivons difficilement avec ce confinement. Nous menons une vie de m… dans notre campus social. Les sorties sont contrôlées», dit-il. Malgré cette rude épreuve, Aliou souligne que ses camarades parviennent tant bien que mal à tenir le coup. «Nous prions qu’il y ait un remède à ce virus. Nous ne nous plaignons pas, mais nous ne sentons pas le soutien de l’Etat du Sénégal en cette période de crise sanitaire», déplore-t-il. A l’en croire, la situation des étudiants est très critique en ces moments de crise sanitaire mondiale causée par le Covid-19. Parce que, soutient-il, ils ne sortent que pour des besoins essentiels. «Le peu d’étudiants qui se débrouillaient pour s’en sortir, ont perdu leurs petits boulots. C’est très difficile. La majeure partie ne comptait que sur les familles au Sénégal pour survivre. Alors qu’elles se trouvent, elles aussi, dans le désarroi. Les choses deviennent de plus en plus dures. Les contractuels sont les plus touchés», confesse-t-il.
«Les étudiants qui avaient de petits emplois sont en chômage technique»
Membre du Syndicat des étudiants sénégalais en Russie, une association dissoute pour raisons liées à des troubles lors de la dernière élection de représentativité, Yaya Sarr fait une douloureuse confession. Il révèle que le Covid-19 a tout chamboulé. Selon lui, ils suivent leurs cours à distance. Recevoir de l’argent envoyé par leurs parents est devenu compliqué par ces temps qui courent. «Les services de transfert d’argent ne fonctionnent plus. Les étudiants qui avaient de petits emplois pour subvenir à leurs besoins sont en chômage technique. C’est très difficile. Nous demandons l’aide de l’Etat», sollicite cet étudiant à l’université d’Etat Oural.
Sous un autre registre, cet étudiant en Master qui garde l’anonymat déplore l’attitude des anciens étudiants dans les invitations envoyées à leurs frères basés au Sénégal. Selon lui, ces invitations sont de nos jours commercialisées à l’insu des universités d’accueil. Le plus ridicule dans toutes ces pratiques peu orthodoxes, à l’en croire toujours, c’est qu’il y a la rétention d’informations sur les réalités russes. «Il y a une sorte de commercialisation de ces invitations par les étudiants qui collaborent avec les universités d’accueil. Il faut 200 mille jusqu’à 1 million de francs Cfa pour en obtenir une. Alors que les informations qu’ils livrent aux candidats sont fausses. Les emplois ne sont pas garantis. Les inscriptions varient entre un jusqu’à 2 millions. Certains diront qu’il existe des bourses alors que tel n’est pas le cas», déplore-t-il. Avant d’ajouter : «La première année, on apprend la langue. Les bourses sont sélectives. Seules 2 sur 50 ont droit à une bourse». L’interlocuteur de WalfQuotidien invite l’Etat du Sénégal à mettre un terme à ces pratiques. «Ils vivent sur le dos des étudiants. Nous déplorons cet état de fait. Nous demandons à l’Etat de faire quelque chose pour assister les étudiants. Ils sont fatigués. Nous demandons au gouvernement sénégalais de prendre des décisions face à cela. Ces pratiques commencent à prendre de l’ampleur».
Salif KA