CONTRIBUTION
De prime abord, il faudra que tout le monde s’accorde d’une chose : avec cette crise sanitaire inédite dans l’histoire de l’humanité, ce qui se joue aujourd’hui devant nos yeux impuissamment est une question de vie ou de mort.
Des morts il y’en a et en aura, vu le modus operandi de cet agent infectieux que même un illettré mais connecté connaît de nom Corona, fut-il un habitant à Maka Koulibanta.
Ironie du sort, cette pandémie met à nu le vrai visage du monde occidental et son mépris qu’il a vis-à-vis de nous autres qu’il continue de considérer comme « colonies ». Pour preuve, en lieu et place d’une heuristique de solutions pour le bénéfice de toute l’humanité, il s’adonne à son jeu favori dont il excelle en voulant tester sur les populations cobayes africaines le vaccin macabre.
Cela ne date point d’aujourd’hui….
En effet, depuis le XVième siècle, Christophe Colomb n’a pas seulement découvert le Nouveau Monde, il a aussi été, sans le vouloir, à l’origine de la création d’un Nouveau Monde. Il suffit, pour se faire, une relecture de l’histoire avec son corollaire de légalisation de la traite négrière, suivie de la colonisation, de génocides des peuples amérindiens en Amérique, Namas et Hérèros en Namibie, entre autres et l’exploitation post-coloniale à travers tous les mécanismes de domination et d’influences mis en place pour continuer à asservir les peuples considérés comme « indigènes » et rendre vassaux nos états indépendants : Françafrique, machin de Francophonie, Franc CFA, coopérants techniques, CIRAD, IRD, j’en passe…..
Le Sénégal a fait preuve de responsable avec toutes les mesures de riposte dont les autorités ont mis en place pour faire face à cette pandémie.
Dans le langage de la qualité, c’est au moment de l’évaluation que les gens avertis comprendront. Car il est connu qu’en gestion de risques, l’on ne voit pas l’impact des mesures prises qu’en le comparant non à la situation de base mais ce qui sera la situation sans l’effet desdites mesures. Comme qui dirait la qualité n’a pas de prix mais la non qualité a un coût.
Notre pays vient de montrer à la face du monde, nous n’avons rien à envier aux autres pays quant à la gestion de cette crise sanitaire due au COVID-19. La une du quotidien « Libération » du 31 mars 2020 en dit long en caricaturant par un titre cocasse « la première impuissance du monde » pour ne pas citer l’Amérique de Trump qui est dans l’impasse dans la gestion de ce virus en adoptant des comportements et attitudes irresponsables. Du vrai amateurisme aggravant le risque de mortalité chez les américains !
Hommage à nos médecins qui ont montré leur savoir-faire.
Sans complexe, le Sénégal (l’Afrique) pourra devenir un modèle pour le monde en matière de gestion des pandémies à l’image de Cuba. Ce qui qui n’est pas étonnant, car il revenait à l’indépendantiste cubain José Marti au XIXe siècle cette célèbre phrase « La patrie, c’est l’humanité» !
Monsieur le Président de la République, votre discours responsable et rassurant à l’occasion du soixantième anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté internationale, montre à suffisance que vous avez compris les enjeux.
Mais ……. !
Mais …… ne vous laissez pas détourner de l’essentiel par les diversions via les appels de visio-conférence dont la Métropole vous a conviée. Leur objectif est ailleurs. Ils n’ont d’autres desseins que de déstabiliser durablement nos États afin de continuer leur exploitation. Je pèse bien mes mots durablement ! c’est à dire sur le plan social, économique et environnemental.
La preuve, ce sont les mêmes services qui ont rédigé en toute connaissance de cause la note non confidentielle intitulée «l’effet pangolin » du Quai d’Orsay sur les prévisions froides du Centre français d’analyse, de prévision et de la stratégie (CAPS).
Cette crise marque que ce mode de « coopération » sous forme « d’ Aide fatale » n’est pas à notre bénéfice et devient caduc. Il n’est pas un secret de polichinelle pour personne que l’assistance financière a été et continue d’être un total désastre pour l’Afrique. Le mythe de l’aide est révolu et doit faire place au commerce et à une coopération gagnant-gagnant.
Il est temps que nous prenons notre destin en main.
Au moment où notre pays à l’instar des autres nations engage la guerre contre cette pandémie, la contribution de l’ensemble de ces entreprises aux soldes du Quai d’Orsay n’atteint pas 01 milliard de Fcfa (paru dans Dakar Times N°878 du 03 avril 2020).
Je ne vais pas user d’euphémisme pour plaire. Il faut dire les mots par leur vrai sens et sans ambages. L’Europe, sans ressources naturelles, ne se rend pas compte de l’émergence d’une nouvelle jeunesse africaine consciente et prête à prendre son destin en main sans complexe. Le réveil sera brutal. Rien ne sera plus comme avant.
Avec cette crise, le monde occidental a démontré ses limites et son impuissance. A nous de penser par nous-mêmes et pour nous-mêmes. Ne soyons plus des consommateurs de concepts.
Au-delà de simples pays fournisseurs de matières premières et de consommateurs de produits, usons de notre matière grise pour une transformation structurelle de notre continent. Sinon, personne ne le fera à notre place. Pire, comme l’a bien souligné le Professeur Cheikh Anta Diop “ Il faut savoir que l’adversaire vous tue intellectuellement, il vous tue moralement, avant de vous tuer physiquement … “.Bref se libérer et s’émanciper ! il est temps de changer de paradigme.
C’est l’occasion pour nous autres africains d’inventer et d’avoir une capacité d’anticipation et de prospective propre pour l’Afrique. Pour ce faire, il est important de noter qu’il y’a eu un monde avant-coronavirus et il y’aura forcément un monde post-corona. A la crise sanitaire, va succéder une crise socio-économique inévitablement.
Il est temps d’aller au-delà de la photographie, de l’instantané liée à cette crise. Loin d’être qualifiée de situation conjoncturelle, la crise actuelle est structurelle. Les solutions envisagées doivent s’orienter vers une stratégie holistique pour ne pas tomber dans l’impasse sectorielle.
Ainsi, notre pays devra tirer des leçons en accélérant ses politiques d’autosuffisance et de diversification dans les domaines essentiels.
Dans cette perspective, vous me permettrez d’exposer quelques pistes de réflexion à savoir :
Les indicateurs de performances du Plan Sénégal Émergent (PSE) arrimés aux Objectifs du Développement Durable doivent être revus.
La création d’un ministère en charge de l’Alimentation et de la Promotion des Agro-industries qui transcende tous les sectoriels (agriculture, pèche, élevage et agroalimentaire) mettra définitivement notre pays sur le cap de l’autosuffisance alimentaire et nutritionnelle mais surtout l’industrialisation.