CONTRIBUTION
Des images hallucinantes de brutalité policière ont circulé depuis hier soir sur les réseaux sociaux et reproduits par différents sites web sénégalais pour nous rappeler que nous n’avons pas encore fini avec une utilisation disproportionnée de la force par ceux -là mêmes qui sont chargés par les lois et règlements de la République pour assurer l’ordre public et la sécurité des personnes et des biens dans leur intégrité. Et c’est le minimum que nous avons le droit et le devoir d’attendre voire de réclamer à nos forces de l’ordre.
Ces images de défoulement de certains policiers dans les rues de Dakar sont grotesques et relèvent de la barbarie. Rien ne saurait justifier de tels agissements et au delà surtout dans cette période de psychose répandue au sein de toutes les couches de la population et due principalement la propagation de l’épidémie du Coronavirus dans les différentes contrées du pays et de la crainte réelle que le pays malgré tout le tralala de nos politiciens et des troubadours de la République n’a pas les moyens de faire face à cette épidémie.
Ces images doivent révolter normalement tout le Sénégal. Mais, contre toute attente, certains de nos compatriotes s’en réjouissent et encouragent même ces policiers à poursuivre cette violence indescriptible sur nos malheureux concitoyens qui pour différentes raisons se retrouvent dehors au moment de l’entrée en vigueur du couvre-feu méritent amplement cette correction inouïe parce que d’après ces esprits retors, le sénégalais est par nature indiscipliné et ne connaît que l’usage de la force brute à son encontre pour qu’il accepte voire se résigne à rentrer dans les rangs et à se tenir droit dans ses bottes.
Cette représentation hâtive de la psychologie du sénégalais lambda est toute proportion gardée exagérée en maints égards. D’une part, elle ne se repose pas sur des études quantifiables qui laisseraient penser voire suggérer que le sénégalais n’accepte pas les règles de manière générale soit pour défier l’autorité, soit pour essayer de s’octroyer des espaces de liberté qui frisent l’indécence. D’autres part, elle est le fait de certains milieux qui tentent vaille que vaille de dédouaner nos autorités publiques sur l’état de délabrement du tissu social et in fine de faire porter les torts voire les dysfonctionnements récurrents au sein de la société aux plus vulnérables d’entre nous. Il ne s’ agit pas pour nous autres de deresponsabiliser ces derniers, mais d’affirmer de manière claire que ce n’est pas le lot de la majorité de nos compatriotes. Il ne sert absolument à rien de jeter l’anathème sur les plus défavorisés de la société pour approuver le comportement irresponsable et déplacé de ces éléments de la police, fauteurs de désordre hier soir dans les rues de la capitale sénégalaise.
Pourtant, ces images de barbarie ont produit une onde de choc terrible au niveau du pays et au delà auprès de nos concitoyens de la Diaspora. La police sénégalaise s’est habituée en toute impunité avec la complicité des hautes autorités de la République à brutaliser nos compatriotes et ce sans raison valable. Par contre, ce qu’il faut mettre en exergue c’est le fait que nous avons tendance à abuser à outrance de l’autorité que nous confère nos positions dans la société voire dans nos institutions pour faire sentir aux autres le pouvoir que nous avons sur eux. C’est ce qui explique en partie le comportement abject de ces policiers en mode jubilaire et fiers de leurs forfaits du jour.
Ce n’est pas tout. C’est juste la partie visible de l’iceberg du comportement de certains éléments de la police. Est – ce seulement le fait d’une minorité d’irréductibles qui fait sa loi au sein de la police en bafouant les règles les plus élémentaires en matière de maintien de l’ordre et en ternissant l’image d’hommes et de femmes rompus à la tâche et qui font simplement leur travail en respectant de manière intrinsèque leur mission de service public et au profit exclusif de nos concitoyens ? Ou est – ce une pratique assez répandue au sein de la police pour laisser imaginer qu’ils ou qu’elles disposent d’un ordre de passer outre les règles pour exercer librement de la brutalité à l’encontre de nos concitoyens ?
Quelque soit l’élément retenu pour analyser froidement les violences d’hier, il demeure la question cruciale du recrutement et de la formation de nos forces de l’ordre. Comment les forme t- on et sur base de quelle politique de protection de nos compatriotes et de la sécurité du pays. Selon le modèle choisi, soit on mise l’accent sur la prévention avec comme corollaire une pédagogie active et créative à promouvoir dans les rangs de nos forces de l’ordre pour plus d’ouverture sans aucune faiblesse coupable auprès du peuple et d’en faire son partenaire pour l’édification d’une société plus humaine dans laquelle les droits et les devoirs des uns et des autres seront respectés en toutes circonstances. Soit, nos autorités décident de choisir la répression à tous azimuts pour contrôler d’une main de fer la société avec des risques réels d’abus de pouvoir assumés et octroyés aux agents chargés d’assumer le maintien de l’ordre. Ce qui nous conduit inexorablement à la dictature, le rêve non encore assumé pleinement par le chef de clan Macky Sall
Quoi qu’il en soit, ces images d’hier sont une honte pour la police sénégalaise et même si c’est le fait de certains de ses éléments récalcitrants et dénudés du sens de la responsabilité. Pourtant, nos forces de l’ordre avaient largement de temps, de moyens pour éviter de telles actions ignobles. Elles avaient la possibilité mieux le devoir d’arpenter nos artères et nos quartiers pour expliquer à nos compatriotes les mesures prises par le gouvernement pour la protection de tout un chacun. C’est juste faire preuve de responsabilité parce qu’en définitive elles sont les premières au front pour le bon déroulement du couvre-feu et sont de potentielles victimes du Coronavirus avec des risques réels d’être en contact avec des personnes potentiellement touchés par le virus.
Le plus révoltant dans ces scènes de violence sauvage et gratuite est la légèreté de la réaction des autorités de la police. Ces propos “ On peut dire qu’à 95%, les sénégalais ont respecté le couvre-feu. Toutefois, il y a eu quelques dysfonctionnements parce que c’était les premiers jours et cela est d’ailleurs très normal. Certains ont eu des problèmes de transport, d’autres ont fait fi de la loi et voici les conséquences “ tenus par le Lieutenant Ndiasse Dioum, porte – parole de la police nationale dans l’émission Yewuleen sont hallucinants. Une déclaration pleine de contradictions qui met à nu l’aveuglement de ces éléments de la police. La règle est la même pour tout le monde : tâter le plus grand nombre peu importe nos compatriotes qui tentaient de rentrer dans leurs localités respectueuses en utilisant les transports en commun. C’est une communication à la fois pathétique et triste. Elle entretient davantage l’image peu glorieuse de nos forces de police. Une omerta totale sur ces violences. Aucune reconnaissance voire aucune condamnation ferme de ces actes de barbarie. Aucune compassion pour ces hommes et ces hommes qui ont subi des sévices immondes. Circulez, il y a rien à voir. C’est ce qui apparaît clairement sans ambages à la fin de ses propos “ voici les conséquences “.
Le rétropédalage des autorités de la police : “ des comportements excessifs ont été noté dans les rangs de la police, des interventions excessives dans la nuit du 24 au 25 Mars 2020 qui ont été, d’ailleurs, punies avec toute la rigueur qui s’impose “. Un autre communiqué laconique qui nous laisse dubitatif et qui impute de manière sournoise la faute à nos compatriotes qui ont été violemment tabassés. Mais, au fait, de qui se moque t – on dans cette affaire ? Sans doute, le peine des sans voix, les laissés pour compte, les affamés. Des médecins après la mort pour contourner la déclaration calamiteuse du porte – parole de la police nationale le Lieutenant Ndiasse Dioum. Nous avons tous compris cette supercherie. Les réseaux sociaux ont capté en temps réel le jeu malsain de certains éléments de nos forces de l’ordre.
Pourtant, toute la journée d’hier du 24 mars 2012, nous avons assisté à un défilé incessant au palais de la République autour de Macky Sall pour que chacun de son côté appuie l’effort qui est demandé à nos concitoyens en vue de freiner la propagation du Coronavirus et espérer en même temps que la situation soit sous contrôle par nos professionnels de la santé publique.. Et à peine le coucher du soleil, la police nationale sous la direction et l’autorité, du ministre de l’intérieur Aly Ngouille Ndiaye nous replonge dans des scènes de violence abjecte.
Le couvre-feu n’est pas destiné pour brutaliser voire pour faire peur à nos concitoyens. Ces actes de violence violent les lois et règlements du pays, ne parlons même pas de République – cette dernière a foutu le camp depuis plusieurs années – ne doivent en aucune façon rester sans suite. Elle est aujourd’hui complètement en lambeaux par la faute d’un seul homme Macky Sall. Ces actes doivent être répertoriés avec diligence et responsabilité pour poursuivre leurs auteurs même si c’est impossible pour nous autres de bénéficier d’une justice impartiale sous le régime moribond de Macky Sall.
N’oublions jamais que les pleins pouvoirs qu’il dispose après le décret établissant l’état d’urgence et le couvre-feu ne sont pas un chèque en blanc pour terroriser avec la complicité de certains éléments de la police le peuple sénégalais.
Les actes de barbarie d’hier et les autres qui vont certainement se répéter doivent faire l’objet de plainte contre leurs auteurs, même s’ils ne risquent rien pendant la gouvernance de Macky Sall. L’impunité doit cesser. Ne rien faire pour la combattre accroît l’injustice dont sont victimes nos compatriotes..Il y va de la sécurité du pays.
Massamba NDIAYE