Les images de citoyens sénégalais passés à tabac par des forces de l’ordre, le premier jour de l’entrée en vigueur de l’Etat d’urgence, continuent de susciter des réactions. Les Forces démocratiques du Sénégal (Fds) de Babacar Diop trouvent ces images «choquantes et indignes d’un Etat de droit». Listant les dispositions du Code de procédure pénale, Babacar Diop et Cie estiment que «si par insouciance, par inconscience ou par indiscipline, des citoyens ont bravé la mesure de couvre-feu que les forces de défense et de sécurité ont la prérogative de faire respecter, ces contrevenants doivent être sanctionnés, mais dans le respect des dispositions prévues par la loi. La situation d’exception liée à l’entrée en vigueur de l’Etat d’urgence ne donne pas le pouvoir à ceux qui sont censés faire respecter la loi de la violer». Ajoutant au passage que «les textes qui encadrent le couvre-feu prévoient des sanctions précises contre tout contrevenant. Il s’agit de les appliquer dans toute leur rigueur, mais dans le respect de la dignité humaine. Celle-ci est sacrée, en tout lieu, et en toute circonstance. Dans aucun autre pays au monde, nous n’avons vu des forces de l’ordre s’adonner à de la torture contre leurs concitoyens pour les obliger à rester chez eux. Pourtant, le Sénégal n’est pas le seul pays de la planète en lutte contre la pandémie du Covid-19».
Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, Babacar Diop et ses camarades rappellent que la torture et les autres formes de brutalité policières ne doivent pas être encouragées, quel que soit le contexte. Sous ce rapport, ils ont appelé les organisations de défense des droits de l’homme, les plateformes citoyennes et les leaders de l’opposition, y compris ceux qui sont allés à la rencontre du chef de l’Etat, d’être exigeants avec le gouvernement sur la nécessité de respecter la dignité des Sénégalais. Pour eux, l’unité et la solidarité pour combattre le coronavirus ne doivent pas être interprétées comme un blanc seing pour bafouer, sans retenue, les droits et la dignité de nos compatriotes». Non sans préciser que «c’est parce que nous sommes en situation d’exception que les Sénégalais ont renoncé à beaucoup de leurs droits, car l’heure est grave, mais ils n’ont pas renoncé à leur dignité».
Toutefois ils apprécient positivement les mesures prises par l’autorité. «La lutte contre le Covid-19 a fait naître au Sénégal un vaste élan de solidarité. Nos concitoyens sont unanimes à saluer les mesures d’ordre sanitaire et économique prises par le chef de l’Etat pour faire face à cette pandémie qui menace notre tissu économique et nos vies», soulignent Babacar Diop et Cie, qui trouvent que «les audiences accordées par le chef de l’Etat à des leaders de l’opposition qui ont contesté son élection montrent qu’il n’y a guère d’autre alternative que l’unité, si nous voulons venir à bout de cette pandémie».
Magib GAYE