La demande du président de la République aux autorités universitaires d’instaurer l’émirat, pour résoudre les difficultés des étudiants à s’inscrire en thèse, n’est pas du goût du Sudes/Esr. Ce syndicat parle d’ingérence de l’exécutif dans le fonctionnement interne des universités publiques sénégalaises.
Lors du Conseil des ministres du 26 février 2020, le chef de l’Etat, Macky Sall au sujet de la situation académique dans certaines spécialités enseignées dans les universités publiques, a demandé au ministre de l’Enseignement supérieur, aux Recteurs, notamment celui de l’Ucad d’examiner les modalités d’instauration de l’Eméritat pour résoudre les difficultés que rencontrent certains étudiants en Master pour s’inscrire en thèse. Concernant la forme de cette interpellation, si le Sudes/ESR se réjouit de constater que le chef de l’État s’intéresse à l’enseignement supérieur, il ne peut s’empêcher de s’inquiéter de cette tendance à «l’immixtion directe de l’Exécutif dans le fonctionnement d’une institution comme l’Université qui jouit statutairement d’une totale indépendance et d’une autonomie de gestion». Ainsi, dans une déclaration, le Secrétaire général du Sudes/ESR, Oumar Dia et ses camarades, estiment donc que «le chef de l’État devrait s’abstenir de se prononcer publiquement sur des questions relatives au fonctionnement interne des universités afin de préserver les libertés académiques garanties par la loi N° 94-79 du 24 novembre 1994 relative aux franchises et libertés universitaires». De plus, le Sudes/ESR estime que si une réflexion sur l’éméritat n’est pas dénuée de pertinence, il «ne saurait en aucun cas être la panacée et ce pour au moins deux raisons. D’une part, si au bout de soixante années d’existence, l’Université Cheikh Anta Diop n’arrivait pas à assurer une relève scientifique capable d’encadrer les mastériens et doctorants, ce serait là le signe d’un échec grave que le maintien artificiel en activité d’enseignants qui auraient dû former cette relève-là ne saurait résoudre».
D’autre part, les responsables de Sudes au niveau des universités publiques, affirment que «la solution à la rareté d’enseignants de rang magistral n’est pas mystérieuse. Elle réside dans le fait de recruter suffisamment de jeunes enseignants aux faits des problématiques actuelles de la recherche scientifique et de les mettre dans les conditions idoines pour mener leur propre recherche et avancer dans la carrière universitaire». Quant aux retraités actuels, les enseignants du Sudes de l’Enseignement supérieur, soutiennent que «la République doit les remercier en leur donnant la retraite décente qu’ils méritent plutôt que d’user d’expédients pour prolonger artificiellement leur activité».
Les enseignants de l’Enseignement supérieur affiliés au Syndicat unitaire et démocratique du Sénégal (Sudes/Section Enseignement supérieur et de la Recherche) ont toujours dénoncé le manque de volonté pour résoudre les difficultés que rencontrent les universités sénégalaises. Lors de sa dernière conférence de presse, le secrétaire général national du Sudes/Esr, Oumar Dia affirmait que le gouvernement et particulièrement le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (Mesri) «persiste dans sa logique sans issue de pilotage à vue de notre système d’enseignement post-secondaire, supérieur et de recherche». «Saisi par le Sudes/Esr afin de l’amener à prendre la pleine mesure des grandes urgences du moment (déficit d’infrastructures, de personnels, de budgets, etc.) et à s’y pencher sérieusement pour éviter à l’université sénégalaise un effondrement soudain et catastrophique pour notre pays, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (Mesri), muni de recettes totalement désuètes, semble penser qu’on peut encore continuer de recourir à des mesures insignifiantes comme la création d’une poignée de postes d’enseignants, la construction de quelques salles de cours, de bureaux et une hausse légère des budgets des universités loin de correspondre à l’évolution réelle des effectifs d’étudiants pour maintenir notre système d’enseignement post-secondaire, supérieur et de recherche en vie», avait déploré le Sg national du Sudes/Esr.
Mamadou GACKO